Electroménager: le marché se rééquilibre après le boom des années Covid

Après le boom des robots ménagers, machines à pain et congélateurs pendant les confinements des années Covid 2020 et 2021, le marché de l'électroménager se rééquilibre, cherchant plus de confort mais aussi de sobriété, selon un bilan annuel publié ce mardi.
Avec 9,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022, les ventes ont accusé un recul de 2,1% par rapport à 2021, selon le cabinet GFK Market Intelligence qui analyse les données sorties de caisse de tous les distributeurs en France. Elles restent néanmoins en hausse de 12,3% par rapport à celles de 2019, l'année de référence, avant la crise sanitaire.
Dans le gros électroménager - four, table de cuisson, lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle, réfrigérateur, cave à vin, micro-ondes, hotte aspirante - le marché est resté stable, à 6 milliards d'euros l'an passé, et en hausse par rapport à 2019 (5,3 milliards euros). Les ventes de congélateurs qui avaient connu un boom historique de 18% pendant la crise sanitaire en 2020, ont baissé de 2,2%; les sèche-linge de 9,5%, mais les réfrigérateurs ont progressé de 3,9%. En revanche, les ventes de petit électro-ménager reculent de 4,8% à 3,7 milliards d'euros, tout en restant supérieures de 10% à celles de 2019.
Difficile de prévoir
La crise climatique et la crise énergétique ont dopé certaines ventes: l'an dernier il s'est vendu 82% de plus de ventilateurs qu'en 2021. Les radiateurs mobiles électriques ont fait un bond de 25% et les purificateurs d'air de 9,2%. Mais la centrale à vapeur a reculé de 6,9%, les multi-cuiseurs de 9,5% et l'entretien du sol (aspirateurs) de 5%. La machine à café automatique avec broyeur intégré -dont les ventes avaient crû de 46% en 2021- s'est stabilisée (-0,8%), tandis que la machine à café filtre ou dosette a reculé de 7%.
Chaque foyer français est équipé en moyenne de sept machines et de 17 petits équipements, selon le Gifam, groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils et d'équipement ménager qui réunit 50 groupes et 117 marques. L'an passé, les étiquettes d'électroménager ont flambé un peu plus que l'inflation générale. Et l'année 2023 pourrait bien tendre un peu plus la situation, le marché du crédit à la consommation entrant dans une zone de turbulence, selon les analystes du secteur.
Alors que l'inflation en France a progressé en moyenne de 5,2% en 2022 selon l'Insee, les étiquettes du gros électroménager ont augmenté de 6,9% et celles des petits équipements de 5,9% en moyenne en 2022. Le Gifam tempère le constat en soulignant que les hausses s'accompagnent d'innovations techniques pour économiser l'énergie ou augmenter le confort. Pour 2023, "difficile de prévoir le marché par les temps qui courent", indique-t-on.
Les professionnels misent sur les progrès de sobriété de leurs appareils pour attirer de nouveaux clients: entre 2001 et 2021, "les lave-linge consomment 68% de moins d'électricité et 26% de moins d'eau", fait valoir Camille Beurdeley, directrice générale du Gifam. En 20 ans, les sèche-linge ont réduit leur consommation d'électricité de 78%, les fours de 37%, et les lave-vaisselle de 56%.
Indice de durabilité
Constructeurs et consommateurs parient aussi sur le "fonds réparation" prévu par la loi d'économie circulaire de 2020, entré en vigueur mi-décembre 2022. Doté de 410 millions d'euros pour six ans, son financement est assuré par les industriels, via les éco-organismes chargés de gérer la fin de vie des appareils.
Il prévoit une aide de quelques dizaines d'euros, en fonction des modèles, pour réparer des équipements chez un réparateur agréé. Un observatoire doit être mis en place pour s'assurer que les prix des réparations ne profitent pas de l'aubaine pour s'envoler. "L'indice de réparabilité" mis en place sur certains équipements pour aider le consommateur dans son choix au moment de l'achat ne va en revanche "pas être étendu" à toutes les gammes de produits, a prévenu Mme Beurdeley.
Les professionnels travaillent sur un "indice de durabilité" plus large, négocié avec l'économie sociale et solidaire (réseau Envie), des associations de consommateurs ("Halte à l'obsolescence programmée", UFC Que Choisir) et les pouvoirs publics (Ademe, CGDD). Il devrait être "visible en rayon début 2025" selon elle.