"Trois millions d'obus par an": comment le repreneur de Fonderie de Bretagne compte passer de l'automobile à l'armement

Des suspensions de voitures Renault aux obus des armées européennes. Les Fonderies de Bretagne sont prêtes à effectuer ce virage stratégique. L'entreprise placée en début d'année en redressement judiciaire est en passe d'être reprise par la société de défense Europlasma.
Après avoir repris en 2021 les Forges de Tarbes qui fabriquent des obus, Jérôme Garnache-Creuillot, le PDG de Groupe Europlasma a détaillé sur BFM Business son plan pour relancer les Fonderies de Bretagne.
"Le projet permet de substituer rapidement une production en très gros volumes à une production qui a disparu en très grande série, assure-t-il. L'industrie automobile est en train de se transformer complètement, les volumes de la Fonderie ont diminué drastiquement et il n'y a pas d'activité qui puisse se substituer aussi rapidement que l'industrie de défense."
Trois millions d'obus par an
Passer de pièces détachées pour l'automobile à la fabrication d'obus peut se faire assez rapidement selon le patron d'Europlasma.
"La force du dossier de Fonderie de Bretagne c'est qu'ils fabriquaient déjà des obus de 120 mm […], ils ont tout l'équipement qui permet de le faire quasiment instantanément, c'est trois à quatre mois d'adaptation pour commander des outillages et dans des volumes qui sont gigantesques", explique Jérôme Garnache-Creuillot.
"Si on consacrait 50% de l'activité de Fonderie de Bretagne à la défense, on serait sur des bases de production de trois millions [d'obus par an]."
Le repreneur ne compte pas consacrer plus de la moitié des capacités à la défense car il souhaite maintenir une activité dans l'automobile et en développer d'autres dans l'énergie ou le ferroviaire.
Manque de 2000 salariés formés par an
Europlasma, qui propose de reprendre entre 80 et 85% des 350 salariés de l'entreprise, souhaite, si le tribunal de commerce de Rennes valide le projet en avril, automatiser une partie de la production afin d'être en capacité de fabriquer jusqu'à 1.200 obus à l'heure.
Si l'entreprise est confiante sur les débouchés militaires avec des contrats de commandes potentielles de poudre qui courent pour certains jusqu'en 2040, la difficulté sera de recruter des profils de spécialistes de l'armement.
"On n'a pas les bras, il va falloir travailler sur l'automatisation, explique le patron d'Europlasma. Il manque des soudeurs, des forgerons, des fondeurs, ce sont des métiers qui ont disparu. 15 à 20 personnes sont formées par an alors qu'il en faudrait 2.000."
