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Défense

"Nous sommes engagés avec la cause palestinienne": l'Espagne annule finalement un contrat d'armement avec une entreprise israélienne

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, issu du Parti socialiste, à Madrid, le 14 mars 2024.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, issu du Parti socialiste, à Madrid, le 14 mars 2024. - PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

Le contrat de 6,8 millions d'euros porte sur la fourniture de plusieurs millions de munitions pour la Garde civile.

Le gouvernement espagnol a décidé ce jeudi d'annuler de manière unilatérale un contrat d'armement d'une valeur de 6,8 millions d'euros avec une entreprise israélienne qui avait provoqué de fortes tensions au sein de la coalition de gauche au pouvoir, a appris l'AFP de sources gouvernementales.

Le Parti socialiste du Premier ministre Pedro Sánchez et son allié de la gauche radicale Sumar "sont fermement engagés avec la cause palestinienne", indiquait-on de même source pour expliquer cette décision.

La décision du ministère espagnol de l'Intérieur, rendue publique mercredi, de ne pas dénoncer un contrat portant sur l'achat de munitions à une firme israélienne avait accru les tensions au sein de la coalition de gauche au pouvoir.

Un contrat polémique

En octobre 2024, le ministère de l'Intérieur avait attribué ce contrat, d'une valeur de 6,8 millions d'euros, à la société israélienne "Guardian Defense and Homeland Security S.A." pour l'achat de munitions de calibre 9 mm destinées à diverses unités de la Garde civile.

Le contrat était toutefois en contradiction avec l'engagement du gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez - dans la foulée du conflit à Gaza - de ne pas conclure le moindre contrat d'armement avec Israël, qu'il s'agisse d'achat ou de vente.

Face à la colère de Sumar, formation de gauche radicale partenaire du Parti socialiste de Pedro Sánchez au sein de la coalition minoritaire au pouvoir, le ministère de l'Intérieur avait annoncé quelques jours plus tard entamer les procédures pour annuler ce contrat. Cependant, selon des sources de l'AFP au ministère de l'Intérieur, celui-ci a décidé de s'en remettre à l'avis des services juridiques de l'Etat, "qui ont déconseillé l'annulation en raison de l'état avancé de la procédure", qui aurait entraîné des pertes financières.

Concrètement, "l'annulation aurait obligé à payer l'entreprise (israélienne) sans recevoir le matériel", ajoutait-on de même source.

Validé par le ministère de l'Intérieur, le contrat a été publié sur la plateforme où sont mis en ligne les contrats conclus par le service public le vendredi de Pâques, au plus fort de la Semaine Sainte, alors que toute l'Espagne était en congés.

L'annonce précise que le fournisseur est la société israélienne IMI Systems Ltd, représentée par Guardian Defense and Homeland Security S.A.

L'information, révélée par la radio Cadena Ser, a aussitôt provoqué un tollé au sein de la gauche raédicale.

Dans un communiqué, Sumar a souligné que "l'engagement du gouvernement espagnol aux côtés du peuple palestinien (devait) être absolu" et a répété exiger "l'annulation immédiate du contrat".

"Ni six millions d'euros, ni même six milliards, ne peuvent justifier que l'Espagne prenne le risque d'être complice d'un génocide", a, pour sa part, lancé lors d'une conférence de presse le secrétaire général du Parti communiste espagnol et député de Sumar Enrique Santiago.
HC avec AFP