"L'Europe va payer un énorme prix et ce sera votre victoire": Trump partage un SMS (plus qu'élogieux) que lui a envoyé le chef de l'Otan

La feuille de route de Mark Rutte à son arrivée l'an dernier à la tête de l'Otan était claire: garder les Etats-Unis dans l'Alliance.
Près de neuf mois plus tard, il est en passe de réussir son pari, mardi et mercredi à La Haye où les 32 dirigeants de l'Otan, y compris Donald Trump, se retrouvent à l'occasion d'un sommet qu'il a déjà qualifié d'"historique".
Nommé en octobre 2024 patron de l'Alliance atlantique, l'ancien Premier ministre néerlandais a opté pour une stratégie relativement simple: ne jamais critiquer ou contredire l'ancienne star de la téléréalité.
Sans s'interdire non plus de le flatter et de lui tresser des lauriers, au moment opportun. Sur son réseau Truth Social, Donald Trump a partagé une image d'un SMS que le secrétaire général de l'Otan lui a envoyé dans l'après-midi.
Un responsable de l'Alliance a confirmé à Bloomberg que le message publié était authentique et qu'il avait été envoyé plus tôt alors que Trump survolait l'Atlantique pour rencontrer Rutte, l'hôte du rassemblement de 32 États membres.

"Vous vous envolez vers un nouveau grand succès" et "vous allez réaliser quelque chose qu'AUCUN président américain n'était parvenu à faire durant des décennies", a lancé Mark Rutte, dans un message dithyrambique, que Donald Trump a immédiatement publié mardi sur son réseau social Truth.
"L'Europe va payer un prix ENORME" pour financer sa défense "comme elle le devait" et "ce sera votre victoire", écrit encore Mark Rutte, en reprenant la typographie en majuscules qu'affectionne Donald Trump dans ses propres messages.
"Un très joli coup!"
Le président américain a maintes fois réclamé des Alliés européens et du Canada qu'ils dépensent beaucoup plus pour leur défense, en consacrant au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur sécurité.
"S'ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre!", avait-il martelé en mars dernier.
Mark Rutte suggère alors aux Alliés de reprendre le chiffre de 5%, cher à Donald Trump, mais en le fractionnant.
Il propose de porter le niveau des dépenses militaires stricto sensu à 3,5% du PIB d'ici 2032, tout en suggérant que les pays de l'Otan portent aussi à 1,5% de leur PIB leurs dépenses liées à la sécurité, au sens large.
Proposer ce que Donald Trump exigeait à cor et à cri et le faire accepter aux Européens, c'est tout simplement "magistral", estime un diplomate européen.
Un "très joli coup", résume de son côté Jamie Shea. "Cela rend les choses beaucoup plus acceptables pour les Européens, parce qu'avec cette catégorie de 1,5%, ils peuvent inclure tout ce pour quoi ils dépensent de l'argent depuis des années déjà".
Pourtant, l'affaire s'annonçait plutôt mal engagée. Lorsque Donald Trump a avancé le chiffre de 5%, les premières réactions dans nombre de pays étaient unanimes: "pure folie", "absurde", "ridicule".
"Maintenir les Etats-Unis engagés"
Mark Rutte a gardé son calme, pour s'intéresser à la façon de faire fonctionner ce qui ressemblait pour beaucoup à un simple slogan imaginé par Donald Trump. Puis a fait cette proposition qui a permis de rallier tout le monde.
Et le "Secgen", comme on l'appelle à Bruxelles, n'a jamais hésité à saluer les propos du locataire de la Maison Blanche, sur sa volonté d'aboutir à une résolution rapide de la guerre en Ukraine ou sur ses appels répétés - et appuyés - aux Alliés pour une augmentation sensible de leurs dépenses de défense.
La stratégie a, semble-t-il, payé.
"Il est clair que le travail consiste à maintenir les Etats-Unis engagés autant que possible, même si cela signifie qu'il faut parfois avoir un peu des accents de Donald Trump", remarque aussi Jamie Shea, expert auprès de Chatham House à Londres.
Mais cette volonté de plaire à celui qui l'a reçu dans sa résidence de Mar-a-Lago en Floride a aussi fait grincer des dents à Bruxelles. Certains ont jugé qu'il allait parfois trop loin dans cette volonté de cajoler le milliardaire.
Après l'humiliation subie par Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale de la Maison Blanche en février, ses remarques appelant le président ukrainien à renouer rapidement avec Donald Trump ont choqué certains Alliés.
