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Défense

Ils devaient être mis au rebut: l'armée de terre récupère des canons des années 1970 (qu'elle a dopés à l'IA) pour détruire des drones à moindre coût

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L'armée de Terre cherche à combler ses lacunes en matière de lutte anti-drone, en attendant la livraison d'équipements modernes: elle a recyclé un canon des années 1970, qu'elle a dopé à l'IA pour en faire un système rapidement opérationnel.

Rusticité et inventivité. En matière de bricolage, l'armée de Terre a réussi son pari de faire du neuf avec du vieux, pour coller à un besoin opérationnel particulièrement utile actuellement: la lutte anti-drone (LAD).

Alors que la livraison de véhicules blindés Serval dédiés à la lutte anti-drones est prévue à partir de 2028, la Section technique de l'armée de Terre (STAT), qui pilote les innovations techniques en coopération avec la Direction générale de l'armement, a développé une solution intérimaire, en réutilisant de vieux canons de 20 mm conçus dans les années 1970 qui devaient être mis au rebut.

Baptisé "Proteus", le système se compose d'un (vieux) camion TRM 2000 développé au début des années 1980 par la branche militaire de Renault, auquel la STAT a donc ajouté le canon de 20 mm, couplé à une caméra thermique.

"Ce système comble une lacune dans la lutte anti-drones, il réduit la vulnérabilité des unités de combat à moindre coût et assure un moyen de protection généraliste, même à très basse altitude", explique l'officier programme en charge de la défense sol-air et de la lutte anti-drone à la STAT.

Ce premier standard, développé en quelques mois seulement et "à un coût maîtrisé", a été livré au mois de septembre à une unité opérationnelle, le 35ème régiment d'artillerie parachutiste de Tarbes, qui en a réceptionné six exemplaires.

Le Proteus est l'exemple même de "l'adaptation réactive" que souhaite le chef d'état-major de l'armée de Terre, qui évoquait lors de sa conférence de presse de rentrée la nécessité de "gagner en puissance et en réactivité", pour répondre aux enjeux opérationnels et "être prêts dès ce soir", face à la montée des menaces.

"L'innovation est absolument fondamentale à la capacité de toute armée moderne", expliquait le général Pierre Schill à la presse. "Il nous faut des équipements rapidement, qui ne font peut-être pas tout, tout de suite, mais le plus vite possible."
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De l'intelligence artificielle pour la V2

Le concept est convaincant, à tel point qu'une nouvelle version est en cours de développement. Le Proteus standard 2 va garder les antédiluviens canons de 20 mm, mais ils seront cette fois-ci montés sur des châssis plus récents, des V3P de Scania, développés pour les forces spéciales. Il sera mise en œuvre par quatre opérateurs.

Deux autres améliorations vont venir renforcer les capacités du Proteus 2: la conduite de tir, ainsi qu'une "couche" d'intelligence artificielle, développée par la STAT en partenariat avec l'Agence ministérielle de l'IA de défense (AMIAD), pour "optimiser les capacités de visée sur une cible aérienne". En clair: l'IA servira à améliorer la détection, la reconnaissance, le suivi et la destruction par tir prédictif des cibles – du minidrone à 500 mètres, à l'hélicoptère jusqu'à 1,5 kilomètre, voire une cible terrestre à 2 kilomètres de distance.

Un appel d'offres a été passé pour sélectionner l'industriel qui sera chargé de produire et de livrer 50 Proteus 2 en 2026, le contrat sera attribué dans les prochaines semaines.

Helen Chachaty