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De nouveaux casinos dans les villes équestres et certains départements frontaliers?

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Adopté par les sénateurs, un projet de loi visant à assouplir les règles d'ouverture de casinos va être examiné ce mardi par l'Assemblée nationale. Il pourrait déboucher sur la création de quatre nouveaux établissements.

Très réglementé, le marché français des casinos pourrait être quelque peu assoupli en matière de créations de nouveaux établissements.

Adopté par les sénateurs en mai dernier, un projet de loi va être examiné ce mardi par l'Assemblée nationale.

Dans les faits, les casinos sont interdits en France pour des questions de prévention des risques d’atteinte à l’ordre public et social, et pour la protection de la santé et des mineurs.

Fabrice Paire, président du directoire du groupe Partouche - 19/05
Fabrice Paire, président du directoire du groupe Partouche - 19/05
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Mais des dérogations existent. Seules les villes thermales, balnéaires ou climatiques et les agglomérations de plus de 500.000 habitants avec des équipements culturels spécifiques comme un opéra, un orchestre national ou un centre dramatique, peuvent prétendre à l’installation d’un casino. Il existe ainsi 196 casinos en France métropolitaine et 7 en Outre-mer.

Dans les Ardennes et en Meurthe-et-Moselle

Le projet de loi soutenu par Laetitia Saint-Paul (Renaissance) et Frédérique Meunier (Les Républicains) vise à permettre des ouvertures "dans les départements frontaliers qui en sont jusqu’à présent dépourvus. En pratique, cette extension pourrait aboutir à l’implantation de deux casinos, l’un dans le département des Ardennes, et l’autre en Meurthe-et-Moselle", peut-on lire dans le projet de loi.

Le texte propose également d'autoriser l’implantation d’un casino dans deux communes qui accueillent des événements équestres de grande envergure: à Saumur qui abrite le site historique du Cadre noir et à Arnac-Pompadour, où siège l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation.

Pourquoi ce choix? Pour les rapporteurs du texte, il existe des liens "entre l’activité équestre, notamment les courses hippiques, et les jeux d’argents et de paris".

De quoi permettre en tout, l'ouverture de quatre nouveaux établissements.

Saumur et Arnac-Pompadour

Pour les députés, cet élargissement des conditions d'implantation n'a qu'un seul but, "réduire les inégalités territoriales" en dynamisant l'activité touristique.

"L’ouverture d’un casino représente une source majeure d’emplois et de revenus, à l’image des stations balnéaires, thermales ou climatiques qui perçoivent en moyenne chaque année plus d’un million d’euros tirés des prélèvements portant sur le produit brut des jeux", rappellent-ils.

Il s'agit également de s'appuyer sur cette manne pour soutenir les infrastructures de Saumur et Arnac-Pompadour qui "nécessitent des investissements réguliers qui représentent des coûts non-négligeables pour les pouvoirs publics".

Les maires des deux communes ont ainsi considéré que l’implantation de casinos engendrerait des recettes fiscales nettes annuelles estimées respectivement à 1,2 million d’euros et 400.000 euros.

Reste à savoir si ce texte sera soutenu par le gouvernement. Lors du vote au Sénat, il a émis "un avis de sagesse". Interrogée par l'AFP en mai dernier, Sonia Backès, ancienne secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté, ne fermait pas la porte mais émettait des réserves.

Pour les associations luttant contre les addictions, cette perspective est fraîchement accueillie. Pour Addictions France, citée par franceinfo, cela "augmenterait automatiquement le nombre de joueurs problématiques, au détriment de la santé publique".

De son côté, l'ANJ (Autorité nationale des jeux) plaide pour davantage de régulation du marché existant.

Selon ses chiffres, les casinos français ont réalisé en 2022 un chiffre d'affaires de 2,48 milliards d'euros, soit +138% sur un an (2021 ayant été marquée par des restrictions liées au covid). Une activité qui présente néanmoins de fortes disparités en fonction des établissements.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business