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Danone : encore beaucoup de travail à faire pour redresser la barre

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Le groupe, bousculé par des mois de crise de gouvernance et la mise en place du plan "Local first", a publié ce mercredi ses premiers résultats depuis l'arrivée d'Antoine de Saint-Affrique à sa tête.

Pour Danone, ce sont les premiers résultats de l’ère Antoine de Saint-Affrique, qui a remplacé en septembre Emmanuel Faber à la tête de l'entreprise. Selon ses résultats annuels publiés ce mercredi, Danone affiche un chiffre d'affaires de 24 milliards d'euros pour 2021, en progression de 3,4% en données comparables.

Le groupe insiste surtout sur la hausse de 6,7% du chiffre d'affaires au dernier trimestre et la hausse de 0,4% des volumes. Mais tous les chiffres ne sont pas bons : le bénéfice net est en baisse de 1,6%. Surtout, sur un an, la marge opérationnelle courante baisse encore de 13,7%, notamment sous l'effet de l'inflation.

"Ce n'est pas bon, c'est encourageant", assure-t-on du côté du groupe.

Il faut maintenant relancer la machine Danone. Antoine de Saint-Affrique s'y attèle depuis son arrivée il y a déjà plusieurs mois. "On n'est qu'au début de l'histoire, la route est encore longue", nous dit-on chez Danone. Le prochain rendez-vous, ce sera le 8 mars prochain pour la présentation du plan stratégique, à Evian, où le nouveau patron dressera "un bilan sans concession".

Rassurer les salariés

Antoine de Saint-Affrique doit rassurer les investisseurs, avec un cours de bourse qui a perdu 14% sur six mois. Le dirigeant consulte et constitue ses équipes: l'objectif est de remettre la marque et les produits au centre et de revenir aux fondamentaux. "Il n'y a pas de performance durable s'il n'y a pas de performance économique durable", estime un de ses proches.

Dans un groupe en profonde mutation, les salariés attendent aussi beaucoup de leur nouveau patron. Un besoin de quiétude, d’équipes stables et d’être rassurés... ce sont les mots que l'on entend du côté de ces salariés, bousculés par des mois de crise de gouvernance et la mise en place du plan "Local first" qui vise à supprimer plusieurs centaines de postes en France, surtout dans les bureaux. Ils réclament de la stabilité et des messages clairs, alors que le plan doit faire passer d’une gouvernance par catégorie de produits à une gouvernance par pays.

"Local first, on est en plein dedans", assure le représentant de Force ouvrière (FO), qui raconte les départs de ceux qui ne se voyaient pas rester sans la vision portée par Emmanuel Faber et la frustration de ceux qui n’ont pas pu partir. Ce mot de vision revient souvent. Là-dessus, Emmanuel Faber semble avoir laissé un vide et les salariés attendent d’Antoine de Saint-Affrique qu’il le comble, d'où l'importance du rendez-vous du 8 mars.

"Pas de dogmatisme"

Du côté de la direction de Danone, on se veut rassurant, et on conçoit que le plan ait fait mal. D'ailleurs, elle assure qu'il n'y a "pas de dogmatisme" et qu'il peut y avoir un "pragmatisme d'exécution", mais que les ressources humaines font partie, depuis son arrivée, des priorités d'Antoine de Saint-Affrique.

"Le plus dur est passé", nous affirme-t-on.

Le nouveau patron est déjà beaucoup allé sur le terrain, à la rencontre des salariés, parce qu’il est "câblé" comme cela, assure un de ses proches, qui résume qu'il "parle très peu mais il va faire".

Pauline Tattevin avec J. Br.