Comparer le salaire d'un patron à celui d'un footballeur est absurde

Jean-Marc Daniel, éditorialiste sur BFM Business. - BFM Business
C'est un nouveau record que vient de réaliser un attaquant argentin pas très connu en Europe. Carlos Teves va gagner 38 millions d'euros par an en intégrant une équipe de football de Shanghai. Son salaire sera deux fois supérieur à celui des stars du moment, Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo. Mais il sera également deux fois plus élevé que celui de Carlos Ghosn, le patron de l'alliance Renault Nissan dont les émoluments scandalisent régulièrement l'opinion publique et les politiciens. Mais peut-on vraiment comparer le salaire d'un patron à celui d'un footballeur? Non, répond l'économiste Jean-Marc Daniel, en raison de deux différences fondamentales.
La première tient à la mesure de leurs performances respectives. "L'efficacité du patron est mesurée régulièrement, par exemple par l'évolution des résultats de son entreprise ou de son cours de Bourse. Des outils de mesure objectifs de la réalité de ce que représente le travail du dirigeant. Alors que le footballeur, lui, est censé assurer un spectacle. Ce spectacle a un prix, c'est celui du billet d'entrée dans les stades, des droits de retransmission à la télévision. Cette mesure est plus aléatoire, elle fluctue dans le temps", estime l'économiste.
Les clubs au bord de la faillite
Deuxième différence: "une entreprise comme Renault dégage des bénéfices, alors que la plupart des clubs de football sont au bord du dépôt de bilan et s'apprêtent à se tourner vers la puissance publique pour réclamer leur renflouement au nom d'une sorte d'intérêt général du spectacle", affirme Jean-Marc Daniel. Pour le professeur d'économie à l'ESCP, il n'y "a pas de véritable marché, puisque le solde du salaire du footballeur est la faillite de l'entreprise 'football'".