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"Ça apporte en moyenne 2.000 euros par mois à un restaurateur": le DG d'Edenred soulagé qu'on ne plafonne pas les commissions des titres-restaurant

Ilan Ouanounou, directeur géneral d'Edenred France

Ilan Ouanounou, directeur géneral d'Edenred France - Edenred

Plus important acteur du marché, le propriétaire de la marque "Ticket Restaurant" revient sur les mesures proposées par la ministre déléguée en charge du Commerce et des PME, Véronique Louwagie, pour réformer le titre-restaurant.

Une réforme mais pas un "big bang" pour autant. L'exécutif français a présenté mercredi et jeudi ses pistes pour faire évoluer le titre-restaurant, un dispositif dont 5,4 millions de salariés en France (mais seulement 27% du total) bénéficient.

La ministre déléguée en charge du Commerce et des PME, Véronique Louwagie a livré, dans plusieurs entretiens, les principales mesures qui doivent être contenues dans le futur projet de loi. Ce qui inclut, par exemple, la fin du titre restaurant papier en 2027 ou encore la pérennisation de son utilisation pour des achats alimentaires dans les grandes surfaces.

D'autres mesures, plus techniques, concernent les émetteurs de titres-restaurant. Dans un entretien à BFMBusiness.com, Ilan Ouanounou, directeur général d'Edenred France, le plus important acteur du marché, revient sur certains choix de l'exécutif, livrant, globalement, un satisfecit.

> BFMBusiness.com: La ministre prévoit de créer une habilitation des émetteurs de titres-restaurant sur laquelle la Banque de France émettra un avis. Cette mesure était-elle nécessaire?

Ilan Ouanounou (I.O): "Le marché de l'émission des titres-restaurant est un marché qui n'a jamais fait l’objet d'une habilitation officielle. Or, ce marché représente 10 milliards d'euros confiés par les entreprises aux émetteurs pour que l'argent des salariés soit fléché vers les restaurateurs.

Pour assurer le bon fonctionnement de ce processus, il faut des acteurs qui présentent une solidité financière et des garanties robustes en termes de cybersécurité et de gestion des risques. Le gouvernement a donc souhaité que la Banque de France puisse donner une habilitation aux émetteurs, et cette mesure a du sens".

> La ministre compte également interdire "les remises de fin d'année qui sont versées par les émetteurs sur les grands comptes, et qui sont répercutées sur les commissions des restaurateurs". Il y avait-il là encore matière à agir?

I.O: "Nous pensons qu'il s'agit d'une bonne mesure. Certains grands groupes clients des émetteurs de titres-restaurant faisaient jouer la concurrence pour obtenir des remises de fin d ‘année.

Cela pose plusieurs problèmes, d'un point de vue fiscal par exemple, puisque les employeurs bénéficient d'exonération de charges sur la totalité des de leurs dépense en titres-restaurant alors que celles-ci sont abaissées via ces remises. Par ailleurs, si cette pratique venait à s’amplifier, cela aurait inévitablement un effet à la hausse sur les commissions facturées aux restaurateurs. La fin de ce système est une très bonne chose."

> A contrario, un plafonnement des commissions prélevées sur les restaurateurs n'est pas à l'ordre du jour…

I.O: "Un plafonnement des commissions perçues auprès des restaurateurs est une mesure qui ne se justifiait pas. Tout d'abord encadrer les prix dans un marché concurrentiel, comme c'est le cas des titres restaurant en France, qui compte 15 acteurs, n'a pas de sens.

Ensuite, je rappelle que l'Autorité de la concurrence, dans un avis rendu à l'automne 2023, s'est prononcée en défaveur de cette mesure.

Par ailleurs, il faut comprendre que le titre restaurant apporte en moyenne 2.000 euros de chiffres d'affaires par mois à un restaurateur, alors qu'il lui coûte en moyenne 80 euros par mois. Abaisser d'un point de pourcentage le taux de commission ne lui ferait gagner que 20 euros par mois, ça n’est pas un sujet central pour les restaurateurs".

Propos recueillis par Julien Marion