Transitions collectives: se reconvertir sans passer par la case chômage

Permettre à des salariés dont l'emploi est menacé d'intégrer une entreprise qui, au contraire, manque de personnel. Tout cela sans passer par la case chômage... C'est tout l'objectif du nouveau dispositif de reconversion professionnelle, baptisé "transitions collectives".
Aujourd'hui, il se concrétise: une cinquantaine d'agents de service de la société de nettoyage Derichebourg vont suivre une formation de 14 mois pour devenir aides-soignants. A la clé, un CDI au sein du groupe Korian, spécialiste des maisons de retraite et des EPHAD.
Invitée de Good Morning Business, Sophie Boissard, Directrice Générale du groupe décrit ce dispositif: "Ce sont des salariées qui travaillent dans le secteur de la propreté qui ont envie d'aller vers les métiers de la santé. Elles vont avoir une semaine de mise en situation dans un établissement pour voir si le courant passe de chaque côté et ensuite elles partent pour 14 mois de formation avec un tuteur pour aller vers le diplôme d'Etat d'aide soignant et ensuite nous les embaucherons en CDI".
Korian entend bien accélérer afin de répondre à des besoins de plus en plus importants de salariés. "Mon objectif est très clair, c'est 200 salariés issus de ces entreprises partenaires dans ces parcours d'ici la fin de l'année car chaque année, nous recrutons 2000/2500 aides-soignantes, résume Sophie Boissard. L'objectif est que la moitié de ces recrutements soient des jeunes en apprentissage ou des salariés plus expérimentés qui veulent avoir une deuxième carrière".
Et tout le monde est à la manœuvre pour accélérer les reconversions. D'un côté, les préfets et tous les acteurs locaux identifient les besoins en emploi dans chaque région. De l'autre, les entreprises où les emplois sont menacés se font connaître.
Former 30.000 personnes
Le tout est ensuite regroupé sur des plateformes régionales et communiqué aux salariés potentiellement concernés. Ceux qui le souhaitent peuvent alors bénéficier d'une formation allant jusqu'à 24 mois pendant laquelle leur contrat de travail et leur rémunération sont maintenues.
Leurs salaires et leurs formations sont en partie ou totalement pris en charge par l'Etat en fonction de la taille de l'entreprise. Dans les détails, l'Etat paie la totalité des frais dans les entreprises de moins de 300 salariés, 75% jusqu'à 1000 salariés et enfin 40 % dans les plus grosses entreprises.
Les deux sociétés concernées se partagent le reste de la facture, comme bon leur semble. L'exécutif n'a pas chiffré le nombre de salariés qui pourraient bénéficier du dispositif mais il a débloqué 500 millions d'euros dans ce cadre. Ce qui, selon un responsable syndical, devrait dans un premier temps permettre de former quelques 30.000 personnes.