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Télétravail: une grande banque américaine licencie une douzaine de salariés qui faisaient semblant de travailler

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En télétravail, ces employés utilisaient un simulateur de mouvements de souris afin de contourner les contrôles à distance mis en place.

Le télétravail est sûrement vécu comme une bénédiction pour de nombreux salariés mais il s'accompagne parfois d'une surveillance généralisée de la part des employeurs.

Objectif: contrôler l'activité et la productivité de ces salariés délocalisés avec des outils tels que les logiciels de surveillance des e-mails, de la navigation sur Internet ou encore grâce à des systèmes de vidéosurveillance, des webcams dotées de technologies de suivi du regard ou des logiciels d’enregistrement de frappes au clavier ou de mouvements de souris.

La grande banque américaine Wells Fargo a opté notamment pour ce type de logiciel. Problème, des petits malins ont facilement trouvé la parade avec un simulateur de mouvements de souris que l'on trouve facilement sur des places de marché.

Mais l'entourloupe a duré un temps. Bloomberg et CNN révèlent ainsi qu'une douzaine de salariés de la banque ont été licenciés pour avoir fait semblant de travailler et simulation d’activité au clavier.

"Impression de travail actif"

Selon le document déposé auprès de la Financial Industry Regulatory Authority (le régulateur du secteur bancaire), les collaborateurs visés avaient créé une "impression de travail actif".

Ces simulateurs appelés "mouse jigglers" pour "secoueurs de souris", que l'on trouve pour 20 dollars, maintiennent l'écran de l'ordinateur actif et déplacent le curseur de manière aléatoire. Mais il existe également des logiciels qui permettent de repérer ces simulateurs.

Interrogé, Wells Fargo (200.000 salariés) a refusé de donner plus de détails sur ces salariés fraudeurs: étaient-ils à domicile ou en profitaient-ils pour aller ailleurs? Que faisaient-ils au lieu de travailler?

Reste qu'il s’agirait, pour la plupart, d’employés arrivés récemment dans l’entreprise.

"Wells Fargo impose à ses employés les normes les plus élevées et ne tolère pas les comportements contraires à l’éthique", s'est contenté de répondre l'établissement.

Ironie du sort, la banque, une des plus anciennes des Etats-Unis, est accusée depuis plusieurs années d'avoir ouvert plus de 2 millions de faux comptes sans le consentement ou l’autorisation des clients afin d'atteindre les objectifs fixés.

"Mouse jigglers"

Rappelons qu'en France, par son pouvoir de direction, l’employeur a le droit de contrôler et surveiller l’activité des salariés pendant le temps de travail, à condition de respecter leurs droits fondamentaux et libertés individuelles.

Néanmoins, l'employeur doit être attentif au respect de la vie privée des salariés quand il met en place ces dispositifs. Et dans le cas d'un système de contrôle spécifique, il doit en informer préalablement les salariés concernés.

En effet, aucune information concernant personnellement un salarié ne peut être collectée par un dispositif qui n’a pas été porté préalablement à sa connaissance.

Dans une étude menée en 2021, on apprenait que 63% des entreprises françaises de plus de 500 salariés prévoient ou ont déjà adopté des outils dans le but de renforcer la supervision de leurs employés en situation de télétravail.

Parmi celles qui ont déployé ce type d'outils, 25% ont opté pour des webcams dotées de technologies de suivi du regard et 20% pour des logiciels d’enregistrement de frappes au clavier.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business