Laureline Serieys (Uber France): "80% de nos chauffeurs souhaitent rester indépendants"

Vers un bouleversement du modèle économique en Europe des plateformes d'intermédiation comme Uber? Ce mercredi, la Commission européenne se planche en effet sur le statut des travailleurs de ces entreprises dont la plupart sont indépendants.
Une nouvelle réglementation pourrait être mise en place qui déboucherait sur une présomption de salariat pour ces auto-entrepreneurs exerçants sur des plateformes de livraison à domicile ou de VTC.
Si les syndicats poussent pour cette reconnaissance du statut de salarié pour plus de protection, certaines plateformes comme Uber estiment que ce n'est pas la volonté des travailleurs du secteur.
"Ce que me disent les chauffeurs, c'est assez simple, jamais l'un d'entre eux n'est venu me voir en me disant qu'il souheterait être salarié. Quand on réalise un sondage, 80% d'entre eux disent qu'ils souhaient rester indépendants et ils sont attachés à la flexibilité du travail que cela leur apporte", souligne sur le plateau de Good Morning Business ce lundi, Laureline Serieys, directrice d'Uber France.
"Sur 375.000 emplois en Europe, plus de 200.000 pourraient être à risque"
La responsable en profite d'ailleurs pour contester le lien entre protection sociale et statut du travailleur. "C'est un vrai sujet mais il faut dissocier le statut et la protection". Et de rappeller que le travailleur indépendant paye des cotisations sociales même "d'avantage quand on compare à un revenu net équivalent".
"La France est en train de mettre en place un dialogue social entre plateformes et indépendants, c'est très novateur et ça garantirait des droits aux travailleurs quelle que soit la plateforme pour laquelle il travaille", ajoute-t-elle.
Reste que la perspective d'une directive européenne transformant ces travailleurs indépendants en salariés inquiète. "Il y aura un impact sur l'emploi, c'est certain. L'estimation qui a été faite c'est que sur un peu plus de 375.000 emplois en Europe, plus de 200.000 pourraient être à risque. C'est ce qu'on a observé dans des pays où des réglementations un peu plus drastiques (comme en Espagne, NDLR) ont été mises en place: l'emploi a été fortement impacté".
Et d'expliquer: "il y a une partie de l'activité, notamment du côté de l'activité de livraison qui est une activité de temps partiel, qui se prête difficilement à des horaires qui deviennent forcément beaucoup plus rigides". Ce qui la rend mécaniquement moins attractive selon Laureline Serieys.