Apprentissage: un investissement rentable pour la société et les finances publiques

L'apprentissage durant les études supérieures peut être considéré comme un investissement "créateur de valeur aussi bien pour la société que pour les finances publiques", selon une étude publiée lundi par le cabinet Astérès.
"Un apprenti rapporte directement entre 2000 et 5000 euros de plus à la collectivité" qu'un jeune entrant sur le marché du travail sans apprentissage après une formation initiale "en raison d'un taux d'insertion et de salaires plus élevés à la sortie des études", d'après l'étude.
En se basant sur les données du gouvernement et de l'Insee, Astérès a calculé que "sur quatre années, l'apprentissage génère 425.000 emplois supplémentaires, 41 milliards d'euros de valeur ajoutée et rapporte 11 milliards d'euros aux finances publiques".
Le cabinet arrive à la conclusion que "pour chaque euro investi dans l'apprentissage plutôt que dans la formation initiale et dans les aides aux jeunes n'ayant pas trouvé d'emploi, la valeur ajoutée augmente de 17% et les recettes publiques de 30%".
Les étudiants en apprentissage coûtent certes un peu plus chers à la collectivité, une prime de 8000 euros est notamment versée aux employeurs, mais une fois sortis du système universitaire, ils rapportent rapportent plus à la société.
Leur passage dans l'entreprise leur permet une meilleure insertion professionnelle, de cinq points supérieure aux diplomés en formation initiale comme le détaille Pierre Bentata, économiste chez Astérès.
Des salaires plus élevés
"On a globalement un écart selon les informations, si vous regardez l'économie-gestion ou les langues qui est de l'ordre de trois points. Ce n'est pas beaucoup. Mais quand vous regardez une cahorte dans son ensemble, ça a des impacts relativement importants. Et dans le même temps pour l'Etat, ça diminue aussi le nombre d'aides pour les demandeurs d'emploi."
Autre avantage le salaire plus élevé pour les ex-apprentis comparé à ceux qui n'ont qu'un bagage universtaire. "Là où un étudiant en formation initiale va être payé en moyenne 1.500 ou 1.600 euros. On aura plutôt des fourchettes qui iront entre 1700 et 1900. Ca fait un changement important en terme de valeur produite", ajoute Pierre Bentata.
Résultat, avec un pouvoir d'achat supérieur, ces ex-apprentis consomment plus et induisent plus d'emplois, payent plus d'impot. Selon l'étude d'Astérès, chaque étudiant en apprentissage représente un gain d'au moins 2000 euros pour la collectivité dans les 30 mois suivant sa formation.
Selon le ministère de l'Enseignement supérieur, l'apprentissage dans le cadre d'une formation post-bac a concerné 203.800 jeunes durant l'année scolaire 2019-2020, soit 7,5% des étudiants de l'enseignement supérieur. 267.000 étudiants sont en apprentissage cette année, un bond de 40% sur un an!
Le ministère du Travail a pour sa part dénombré 353.000 contrats d'apprentissage signés dans le secteur privé en 2019 et 495.000 en 2020, soit une hausse de 40% en un an. En 2020, les trois quarts des contrats signés concernaient des jeunes ayant au moins le niveau du bac.
Ces chiffres montrent qu'il faut continuer à engager des dépenses publiques pour l'apprentissage même si pour autant "on ne peut pas extrapoler et considérer qu'il faudrait mettre tous les étudiants en apprentissage", prévient Pierre Bentata, économiste chez Astérès.
Marc-François Mignot Mahon, le président du groupe d'enseignement privé Galileo Global Education, commanditaire de l'étude d'Astérès, croit néanmoins possible de former à terme en alternance de 20% à 30% des étudiants grâce aux possibilités offertes par les nouveaux outils numériques.
Pour cela, il faut selon lui instaurer, "un droit universel à l'emploi-formation pour les 17-25 ans", reposant d'une part sur une flexibilisation des contrats d'apprentissage qui pourraient débuter tout au long de l'année, et de l'autre sur des formations en ligne.