EDITO. Qui à Matignon? Les "pour", les "contre"

Emmanuel Macron va-t-il nommer un Premier ministre avant ce soir? Le président s'était donné 48 heures pour désigner le successeur de Michel Barnier. A quelques heures de la deadline, retour sur les noms qui circulent et les forces (et faiblesses) de chacun.
• François Bayrou
C’est le nom le plus cité depuis une semaine. Le maire de Pau a déjeuné deux fois avec le Président en moins d’une semaine.
Les pour: François Bayrou se situe au milieu de l’arc républicain, il suit Emmanuel Macron depuis 2017, il est pour la proportionnelle ce qui plaît à Marine Le Pen. Et de l'autre côté de l'échiquier politique, le Modem a voté beaucoup de hausses d’impôts avec le NFP à l’Assemblée comme au Sénat.
Les contre: le PS a dit clairement qu’il n’en voulait pas, tout comme la droite où l'on garde une rancœur tenace contre le Béarnais depuis qu’il a appelé à voter François Hollande en 2012.
• Sébastien Lecornu
Le ministre des Armées reste un candidat sérieux.
Les pour: Sébastien Lecornu est un politique pur jus, rompus aux négociations de l’ombre, des qualités nécessaires au futur Premier ministre. C’est le seul ministre présent sans discontinuer depuis 2017. Il est par ailleurs proche du couple Macron et de Nicolas Sarkozy.
Les contre: sa candidature ne fait pas l’unanimité au sein du bloc central. Aussi bien au Modem que parmi les proches de Gabriel Attal. L’aile gauche de la macronie verrait dans sa nomination une concession au RN qui le cite souvent comme un potentiel Premier ministre "acceptable". Il est un peu poussé par défaut, par ceux qui ne veulent ni de Bayrou, ni de Cazeneuve
• Bernard Cazeneuve
Son nom est revenu en force hier.
Les pour: c'est le seul candidat de gauche, ce qui compte depuis que le PS se montre plus ouvert à la discussion… Il a déjà occupé le poste (5 mois et 9 jours). Il a été ministre du Budget ce qui peut aider dans la période. Il est d’une gauche compatible avec la droite et il est soutenu par des députés du bloc central.
Les contre: il aura des ambitions présidentielles et le NFP le déteste. Et ce n’est pas le plus souple des politiques, ce qui peut être un problème pour diriger un gouvernement qui se veut le plus ouvert possible.
• Catherine Vautrin
C'était le premier choix d’Emmanuel Macron pour Matignon en mai 2022, avant une levée de boucliers des caciques de Renaissance. C’est Elisabeth Borne qui sera finalement choisi.
Les pour: à mi-mandat, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy est toujours là, elle a toujours la confiance du Président. Elle garde de très bonnes relations à droite et ne suscite pas de rejet du RN… Elle est poussée par plusieurs ministres de l’actuelle équipe et s’entend très bien avec Gabriel Attal.
Les contre: c'est compliqué de nommer un Renaissance après avoir perdu les élections. Bien qu'elle ait publiquement dit regretter sa position, Catherine Vautrin traîne toujours comme un boulet ses positions sur le "Mariage pour Tous", ce qui lui avait coûté Matignon en 2022.
Evidemment tout cela est à prendre avec des pincettes. Seule certitude, il faudra que l'impétrant s’attelle immédiatement à la préparation d'une loi de finance qui s'annonce plus compliquée que jamais.