EDITO. Le potentiel de croissance déjà abaissé d'un quart: la chute des naissances est peut-être la pire crise que la France traverse

C’est peut-être l’une des crises les plus importantes que connaisse notre pays. Depuis quinze ans, la France est entrée dans un hiver démographique qui va bouleverser notre économie.
663.000 naissances enregistrées en 2024. C’est 2,2 % de moins qu’en 2023 et 21,5% de moins qu’en 2010. En dix ans la fécondité en France est passée de 2,0 à 1,6 enfant par femme C’est simple: on n’a jamais fait aussi peu de bébés depuis 1945.
Et à en croire la dernière étude de l’Ined, cette crise de la natalité n’est pas prête d’être endiguée. Chez les femmes de moins de 30 ans, le nombre moyen d’enfants souhaités a diminué de 2,5 à 1,9 en 20 ans.
Peur de l’avenir économique, peur de l’avenir climatique, mais aussi un modèle familial qui évolue, parfois au détriment de la parentalité. En 1998, le nombre idéal d’enfants était de 2,7 par famille. Aujourd'hui c'est 2,3. La famille type de quatre personnes était un plancher... C’est devenu un plafond.
Evidemment, tout cela a des conséquences importantes sur notre économie. Des conséquences qui commencent déjà à se faire sentir.
Sur le plan macroéconomique: dans le dernier projet de loi de finances, Bercy a abaissé d’un quart le potentiel de croissance de la France, de 1,3% à 1% seulement. L'Hexagone est en voie de japonisation. L’archipel asiatique est en crise économique depuis trente ans, depuis que sa population active a commencé à baisser.
1,3 cotisant par retraité dans 20 ans
Sur le social: on connaît déjà les problèmes de financement de nos retraites. On a aujourd’hui environ 1,7 cotisant pour un retraité. Dans 20 ans, ce ratio sera tombé à 1,3. En fait c’est tout le financement de la sécurité sociale qui est en danger. Moins de jeunes, c’est moins de cotisations, plus de vieux c’est plus de dépenses. Le déficit de la Sécu est déjà une réalité tangible : 25 milliards cette année.
Même politiquement, le changement est majeur. Pour la première fois, les plus de 50 ans sont devenus en 2025 majoritaires dans le corpus électoral (51,6%).
Quelles solutions pour renverser la tendance? Trois voies selon l’essayiste Maxime Sbaihi dans son dernier ouvrage Les balancoires vides (Humensis).
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L’immigration: mais on voit la montée des tensions dans toute l’Europe sur le sujet.
Et enfin la robotisation, l’automatisation de l’économie: ce qui se passe aux Etats-Unis et au Japon mais qui pose d'autres questions.
Comment financer un système qui ne cesse de vieillir? Il serait temps d’y réfléchir.