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Union européenne

Pourquoi les Britanniques font le plein de provisions en vue du Brexit

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- - Steve Smith - Facebook

Dépendante à 30% des importations de produits alimentaires européens, la Grande-Bretagne s'inquiète d'un Brexit sans accord qui pourrait engendrer pénuries, inflation et à terme recul de la qualité alimentaire.

C'est une photo qui circule énormément sur les réseaux sociaux outre-Manche. On y voit le ministre du Trésor britannique tenir un dossier dont dépasse une feuille de papier sur laquelle on peut voir très clairement écrit: 1. No food (pas de nourriture) 2. No Channel tunnel (pas de tunnel sous la Manche). Une mauvaise blague de la part du ministre. Pas selon le quotidien The Independent qui assure que ces sujets ont bien été évoqués par son ministère et qu'il s'agit d'une nouvelle gaffe d'un représentant du gouvernement de Theresa May.

Le gouvernement est bien inquiet et a du mal à le cacher à sa population. L'exécutif britannique a demandé aux fournisseurs de produits alimentaires ainsi qu'aux enseignes de stocker des provisions dans l'hypothèse d'un Brexit sans accord.

Ce scénario commence à affoler les Britanniques. Le DailyMail a ainsi rencontré de nombreuses familles qui ont commencé à stocker de la nourriture dans leurs placards. Haricots rouges, thon en boîte, graines de couscous, pois chiches, mais aussi du café, du thé, du lait en poudre ou encore la fameuse marmite (sorte de pâte à tartiner à la levure)... "Nous avons commencé à acheter des choses supplémentaires que nous achetions habituellement, explique ainsi Nevine Mann, dans le DailyMail. Quand nous faisons nos courses, nous achetons des haricots pour l'instant et des haricots pour plus tard, du riz pour l'instant et du riz pour plus tard. Les résultats d'un Brexit sans accord seraient catastrophiques pour l'approvisionnement du pays, certainement à court terme."

Un autre Britannique a dépensé pour 2000 livres (2240 euros) de produits de survie comme des rations de l'armée ou du matériel de camping. Cet employé de centre d'appel de 33 ans qui vit à Glasgow est persuadé qu'il y aura des émeutes quand le Parlement britannique va refuser l'accord proposé par Theresa May. 

La Grande-Bretagne importe 40% de son alimentation

Des Britanniques qui se fédèrent sur Facebook pour partager leurs trucs et astuces de survie en cas de Brexit sans accord. Ce groupe baptisé "48% Prepper" en référence au résultat du référendum sur le Brexit où le maintien n'avait recueilli que 48% des voix compte déjà près de 5000 inscrits. "Pénurie alimentaire, inflation galopante, effondrement des valeur des pensions, saisie de la propriété... L'objectif est de préparer le plus grand nombre de personnes possible aux conséquences du Brexit", peut-on lire dans la description du groupe. 

Et si les Britanniques craignent l'inflation et les pénuries, c'est que le pays est très dépendant de l'étranger pour son alimentation. La Grande-Bretagne ne se nourrit pas toute seule. Elle importe plus de 40% de ses denrées alimentaires, dont 30% en provenance de l'Union Européenne. C'est ce qu'indique le rapport Feeding Britain: Food Security after Brexit de la City University of London. Une dépendance à l'Europe qui a débuté en 1973 avec l'entrée de la Grande-Bretagne dans le marché unique et qui a des implications qualitatives aussi.

"Il y a une pression des conservateurs pour importer de la nourriture bon marché des Etats-Unis, de pays émergents ou d'anciennes colonies, explique ainsi Tim Lang l'auteur du rapport dans La Tribune. Mais alors quels contrôles de qualités appliquerons-nous? D'importantes décisions politiques doivent être prises, et soumises à l'opinion publique. Or, les citoyens britanniques ignorent complètement ces enjeux." En attendant ils remplissent leurs placards de nourritures... européennes.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco