Les Hauts-de-France craignent particulièrement un Brexit sans accord

Le Royaume-Uni ne parvient toujours pas à s'accorder sur une sortie du pays de l'Union européenne. - AFP
Si la France redoute un Brexit sans accord, il est une région qui le craint particulièrement: les Hauts-de-France voisins du Royaume-Uni. Un rapport de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la région que s'est procuré France 3 régions vient en effet d'être publié et qui montre à quel point l'économie des Hauts-de-France est liée à celle de la Grande-Bretagne.
"Le Royaume-Uni est le troisième pays client des Hauts-de-France (après la Belgique et l’Allemagne) [...] Les exportations des Hauts-de-France à destination du Royaume-Uni sont de 4,5 milliards d’euros en 2018, soit 8,8% des exportations de la région", rappelle ainsi la CCI. Et la balance commerciale régionale est largement bénéficiaire puisqu'elle n'importe "que" 2,2 milliards d'euros en provenance du Royaume-Uni.
Au total 5500 entreprises de la région échangent avec la Grande-Bretagne et 93 établissements à capitaux britanniques sont présents dans la région Hauts-de-France où ils emploient plus de 6500 salariés.
Quels secteurs pourraient être les plus touchés en cas de Brexit sans accord avec l'Union Européenne? La CCI en pointe trois en particulier: la pêche, le transport trans-Manche et le tourisme.
La pêche d'abord. Les pêcheries de la région réalisent 75% de leur pêche dans les eaux britanniques et il faudrait un accord spécifique pour que les pêcheurs français continuent à y accéder. La crise pour le secteur pourrait être très grave.
La région dépendante du tourisme britannique
Le tourisme aussi pourrait être très touché puisque la clientèle britannique représente 40% des nuitées étrangère de la région. Les détenteurs de passeport britannique pourraient toujours y venir sans visa mais ils verraient leur facture s'alourdir avec la hausse des frais bancaire et d'itinérance téléphonique dont les tarifs bas sont aujourd'hui garantis par l'UE.
Enfin le transport trans-Manche est aussi un secteur pointé par la CCI. D'ailleurs, "une baisse généralisée de la fréquentation des lignes touristiques Calais-Douvres a été constatée ces derniers mois, par rapport à 2018". Il y a 300.000 voyageurs de moins depuis janvier (-6%), dont 210.000 Britanniques. Même inquiétude concernant le transport de marchandise où les professionnels craignent des encombrements dans les ports avec le renforcement des contrôles douaniers. "Côté britannique un rapport qui a filtré fait craindre une impréparation au Brexit, jusqu’à 85% des camions qui traversent la Manche pourraient ne pas être prêts pour les autorités douanières françaises, ce qui signifie que des perturbations dans les ports pourraient durer jusqu’à trois mois avant une éventuelle amélioration du trafic", s'inquiète la CCI.
La chambre de commerce et d'industrie note tout de même des points éventuellement positifs. Certains secteurs pourraient peut-être bénéficier d'un Brexit sans accord. Comme le commerce de détail (les Britanniques seront exemptés de TVA), l'automobile (le relèvement des tarifs douaniers pourrait encourager les investisseurs britanniques à investir directement en France) et enfin le secteur financier (la région pourrait capter les activités de back-office des activités financières relocalisées dans les grandes capitales).
