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La BCE augmente de nouveau son taux de référence de 25 points de base

Christine Lagarde, présidente de la BCE, le 26 septembre 2022

Christine Lagarde, présidente de la BCE, le 26 septembre 2022 - Kenzo TRIBOUILLARD

En portant le taux de dépôt, qui fait référence, au niveau inédit de 4%, le Conseil des gouverneurs décide de poursuivre sa politique de resserrement monétaire visant à lutter contre l'inflation en zone euro.

Le Conseil des gouverneurs maintient le cap. Après neuf hausses consécutives, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de relever, une nouvelle fois, son taux de référence de 25 points de base, poursuivant ainsi sa politique de resserrement monétaire. La décision de l'institution, dont la présidente Christine Lagarde avait ouvert la porte, cet été, à une fin de l'augmentation des taux, était très attendue par le marché.

Le taux de dépôt, qui fait référence, est porté à 4,0%, un niveau jamais atteint depuis le lancement de la monnaie unique en 1999. Le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal se situent respectivement à 4,50% et 4,75%.

Quatorze mois après avoir lancé le cycle de relèvement des taux le plus rapide et ample de son histoire, la BCE a renoncé à la "pause" attendue par de nombreux acteurs du marché. Une décision qu'elle justifie par le ralentissement encore trop timide de la hausse des prix.

Les prévisions d'inflation revues à la hausse

"L'inflation continue de ralentir mais devrait toujours rester trop forte pendant une trop longue période", indique l'institution dans un communiqué.

Elle a en effet relevé ses prévisions d'inflation pour 2023 et 2024, tablant sur une hausse des prix de 5,6% cette année et de 3,2% l'année suivante. En revanche, elle se montre plus optimiste pour 2025, avec une inflation à 2,1% proche de son objectif à moyen terme de 2%.

La BCE était confrontée à un dilemme, rendant sa décision plus incertaine que jamais, car l'activité économique de la zone euro affiche de véritables signes de contraction. Le tour de vis monétaire des derniers mois a entraîné une envolée des coûts d'emprunt pour les ménages et les entreprises, influant sur la demande et donc la distribution de crédit. Un temps circonscrit au secteur manufacturier, le ralentissement s'est peu à peu propagé à celui des services. L'indice PMI a atteint son plus bas niveau depuis 33 mois, l'activité se contractant à un rythme inédit depuis l'automne 2020 et la première année de la pandémie.

Dilemme entre inflation et croissance

La BCE a ainsi abaissé jeudi ses prévisions de croissance en zone euro jusqu'en 2025. Celle-ci ne devrait atteindre que 0,7% en 2023, contre 0,9% attendu auparavant, puis 1,0% en 2024 et 1,5% en 2025. Ce dilemme entre inflation et croissance a donné lieu à un intense débat entre les banquiers centraux de la zone euro ces dernières semaines.

Face à une inflation jugée tenace, le risque de ne pas en faire assez est apparu plus élevé que le risque d'en faire trop, comme le martèlent les "faucons" qui dominent le débat au conseil de la BCE depuis plus d'un an. L'institution a donc choisi de continuer à freiner l'activité économique afin que les entreprises et commerces renoncent à augmenter les prix, et que leurs employés modèrent les revendications salariales, qui ont tendance à entretenir l'inflation.

Elle indique dans son communiqué que "le Conseil des gouverneurs considère que les taux d'intérêt directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement au retour au plus tôt de l'inflation au niveau de l'objectif". Une façon de signifier qu'il s'agit probablement du dernier tour de vis décidé à Francfort.

Nina Le Clerre avec AFP