Brexit: près de 10% des exportations britanniques vers l’UE frappées de droits de douane

Un camion au port de Douvres. - BEN STANSALL
Un accord post-Brexit sans tarifs certes, mais sous conditions. Au cours des trois premiers mois de l’année, entre 2,5 et 3,5 milliards de livres sterling d’exportations britanniques vers l’Union européenne ont été soumises à des droits de douane. Soit environ 10% des marchandises transportées du Royaume-Uni vers l’UE entre janvier et mars, selon une étude de l’Université du Sussex relayée ce vendredi par la BBC.
Ces taxes n’avaient pas manqué de surprendre un certain nombre d’entreprises en janvier, peu après l’entrée en vigueur de l’accord commercial conclu entre Londres et Bruxelles pour sceller leur divorce. Et pour cause, le principe général du texte repose bien sur une exonération des droits de douane. Mais celle-ci est loin d’être automatique.
Paperasse
Pour en bénéficier, les entreprises doivent effectuer un certain nombre de démarches administratives parfois complexes et réunir plusieurs documents lors de chaque passage en douane. Or, toutes, du côté européen comme britannique, n’étaient pas encore en mesure de répondre à ces exigences en début d’année. En particulier les plus petites structures qui ne disposaient pas forcément des compétences et des équipes nécessaires à la réalisation de ces formalités.
Résultat, certaines d'entre elles ont renoncé à cet avantage et accepté de payer les taxes. Au total, 27% des marchandises qui auraient pu être exonérées ont été frappées de droits de douane à leur entrée dans l’UE au premier trimestre. Reste que l’accord prévoit la possibilité de réclamer une remise de droits pour se faire rembourser a posteriori. Une disposition sur laquelle comptent beaucoup d’entreprises.
Règles d'origine
L’autre raison qui explique que certaines marchandises ne bénéficient pas de l’exonération de taxes repose sur le fait qu’elles n’y sont tout simplement pas éligibles. En effet, une entreprise européenne ou britannique peut échapper aux droits de douane sous réserve que le bien importé soit en majeure partie fabriqué à partir de composants ou ingrédients eux-mêmes produits au sein de l’UE et/ou au Royaume-Uni. C'est ce que l'on appelle les règles d'origine.
En définitive, l’exonération de droits de douane ne s’applique "que si les entreprises répondent non seulement aux critères des règles d’origine mais peuvent également faire face à la bureaucratie et à la paperasse nécessaires" pour en bénéficier, résume le professeur Michael Gasiorek, expert en commerce à l’Université du Sussex.
Chute du commerce avec l'UE
L’entrée en vigueur de barrières commerciales avait fait plonger de près de 20% les exportations de biens britanniques vers l’UE en janvier. Soit "la plus forte chute en un mois depuis que ces chiffres ont commencé à être mesurées en janvier 1997", expliquait l’ONS, l’office national des statistiques britannique.
Si ces exportations ont commencé à se redresser les mois suivants, les entreprises s’acclimatant peu à peu aux nouvelles règles, l’Université du Sussex estime que certains secteurs restent particulièrement affectés, à l’image du textile (-63% d’exportations au premier trimestre), l’alimentation (-36%) ou encore l’industrie automobile (-20%).