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"Grande Sécu": le directeur général de Malakoff Humanis craint une "nationalisation" des mutuelles

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Thomas Saunier, directeur général de Malakoff Humanis, était l'invité ce jeudi matin de Good Morning Business sur BFM Business.

Le projet de "Grande Sécu" défendu par Olivier Véran fait réagir les complémentaires santé. "Ce n'est pas une fusion, c'est une nationalisation" des mutuelles, a déclaré ce jeudi matin le directeur général de Malakoff Humanis, Thomas Saunier, sur le plateau de BFM Business. "C'est une remise en cause du système de protection sociale des Français", a-t-il déploré.

Pour en finir avec "les faiblesses structurelles" du système de santé actuel, Olivier Véran a demandé au Haut conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) d’étudier le projet d’une "Grande Sécu". L'objectif serait d’étendre le champ d’intervention de la Sécurité sociale dans le remboursement des soins, au détriment des mutuelles. Aujourd’hui, la Sécurité sociale prend en charge 75% des dépenses de santé, contre 15% pour les complémentaires. Les 10% restants sont supportés par le patient.

"L'articulation public-privé" est "saine" parce qu'elle permet d'avoir "le reste à charge le plus faible de tous les pays de l'OCDE, moins de 10%" et la "liberté" de choix "de ses garanties", "des praticiens", "des équipements", a avancé Thomas Saunier, pour qui "ce système est sain parce qu'il évite la médecine à deux vitesses".

"Une médecine à deux vitesses"

"Je suis étonné qu'on ne regarde pas ce qui s'est passé dans les autres pays", a ajouté le dirigeant de Malakoff Humanis. "Aux Etats-Unis, [on a] plus de privé, une médecine à deux vitesses et les riches peuvent se payer une couverture complètement privée. En Angleterre et en Espagne, où c'est un service étatique, là aussi ça a conduit à une médecine à deux vitesses […]. La Sécu, c'est des déficits, et la grande Sécu ça va être aussi de grands déficits", a-t-il assuré.

"Dans un premier temps, ça va être des grands déficits, puis la logique économique va revenir et du coup on va baisser les garanties, et dans un deuxième temps la Grande Sécu, ce sera moins de Sécu", a poursuivi Thomas Saunier.

"Et à ce moment-là, on va commencer à paupériser la population des médecins et un certain nombre de médecins vont passer dans un système complètement privé qui sera financé par des assurances privées. C'est ce qui s'est passé en Angleterre et en Espagne".

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV