Retraites: Patrick Martin refuse de "remettre en cause les équilibres financiers" de la reforme

"Plutôt rassurant". C'est le terme employé par Patrick Martin au sujet de l'arrivée de Michel Barnier à Matignon. Le président du Medef était invité au micro de RTL mardi matin afin de s'exprimer sur la récente nomination du nouveau Premier ministre dont il attend "qu'il réussisse à entraîner avec lui une majorité parlementaire au moins relative pour prendre des décisions réalistes au regard de ce qu'est la situation économique." Il estime en effet que "l'économie a été laissée complètement de côté" lors des dernières élections européennes puis législatives :
"On est dans une espèce de monde virtuel où les déficits, la concurrence et les enjeux de compétitivité et d'innovation n'existent pas et le mur est assez proche."
"Un niveau de protection sociale qu'il faut revisiter"
Si Patrick Martin se dit ouvert à des améliorations de la réforme des retraites, il pose une condition claire : "On est prêt à regarder un certain nombre de choses sur les carrières des femmes, l'usure au travail mais sous condition qu'on ne remette pas en cause les équilibres financiers de cette réforme qui est indispensable et même un peu sous-dimensionnée." Il refuse ainsi de revenir sur l'âge légal de départ à 64 ans sauf présentation "d'autres mesures qui ne pèsent pas sur le coût du travail, sur les cotisations des salariés, sur les retraites et qui ne creusent pas les déficits."
"Mon but est de re-poser les grandes équations de cette réforme des retraites parce que c'est finalement assez arithmétique [...] Est-ce qu'on veut continuer demain à servir des retraites à peu près satisfaisantes sans altérer la compétitivité de l'économie française qui est déjà assez dégradée et sans peser sur le coût du travail ?"
Le représentant du patronat souligne par ailleurs que "les chefs d'entreprises sont parfaitement conscients qu'il y a un problème de pouvoir d'achat sur les bas salaires." "C'est la réponse que certains veulent y apporter qui n'est pas satisfaisante et qui est même dangereuse, ajoute-t-il. Il y a encore des charges sociales payées par des Smicards qui pourraient être transférées à la fiscalité. Et puis on a un niveau de protection sociale qu'il faut revisiter. Il y a eu des réformes de l'assurance-chômage, peut-être faut-il aller plus loin."
Mais selon le président du Medef, les solutions à cette problématique de pouvoir d'achat ne peuvent que résulter de mesures préalables pour favoriser la croissance, la production de richesses, l'innovation, la productivité ou encore la quantité de travail. : "C'est ça le débat de fond : veut-on créer de la richesse ? Et ensuite on parlera de la répartition de cette richesse."