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Prix des carburants : pourquoi le gouvernement ne bougera pas

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- - AFP/Philippe Huguen

Après Emmanuel Macron, Bruno Le Maire a confirmé ce lundi matin sur BFMTV/RMC les hausses de taxes en janvier.

La hausse des prix des carburants inquiète la France entière. Emmanuel Macron et Bruno Le Maire l'ont évoqué ce week-end. Ils ont également dit vouloir faire un geste. Mais lequel ? 

Si le président de la République a dit réfléchir à « une solution innovante avec les territoires pour ceux qui ont besoin de leur voiture pour aller travailler », l'exécutif peine à trouver une solution idéale. La région Hauts-de-France a proposé une aide pour ceux qui font plus de 30 kilomètres par jour. Une idée que le chef de l'Etat n'a pas rejeté indiquant qu'il était aussi favorable à une défiscalistion de cette aide.

Mais dans les faits, cette aide sera difficile à mettre en place et conditionnée au niveau de ressources de chacun. L'esprit d'une telle aide est celui du Chèque Energie qui a remplacé les tarifs sociaux du gaz et de l'électricité et qui profite à 4 millions de ménages précaires. 

Difficile également de faire un geste pour Emmanuel Macron car au fond il « assume » la taxation affirmant « préférer la taxation du carburant à la taxation du travail ». Malgré tout, le Président prend très au sérieux la grogne contre les carburants chers. Et ce pour deux raisons, d'abord, car elle a un caractère exceptionnel étant spontanée et civique, et ensuite car elle n'est guidée par aucun syndicat, aucun parti. Une « Jacquerie fiscale » qui rappelle celle des Bonnets rouges sur l'écotaxe née en octobre 2013.

Des choix politiques

En tout cas, sur ce sujet des carburants, on peut s'interroger sur les motivations du gouvernement. Pourquoi les carburants sont soudainement si cher ? 

Si d'une manière générale les carburants sont 30 centimes plus cher en France qu'en Espagne, c'est effectivement bien à cause des taxes. Sur 10 euros de carburant, il y a 6 euros de taxes (TICPE + TVA qui est exponentielle), 3 euros de Brent et 1 euro de raffinage-distribution. 

Mais en y regardant de plus près, la hausse actuelle de prix actuel d'octobre/novembre vient de la hausse des prix du pétrole, du recul de l'euro mais pas des taxes qui n'ont pas augmenté depuis le début de l'année. Elles n'augmenteront pas avant janvier 2019.

En réalité, l'exécutif a réalisé deux choix politiques. Le premier a été de faire de la TICPE, la taxe carbone qui intègre une composante carbone depuis la loi sur la transition énergétique de François Hollande en 2015. Le deuxième est d'aligner les taxes gazole-essence. Dans les faits, les prix des deux carburants montent mais encore davantage le diesel que l'essence. 

Des choix qui ne plaisent pas à l'opposition. Guillaume Peltier, député LR du Loir-et-Cher a proposé la création d’un « chèque carburant », sur le modèle du ticket-restaurant, d’un montant de 100 euros nets mensuels. Cela correspond aux frais de carburants professionnels dépensés, en moyenne chaque mois, par les 13 millions de Français qui n’ont pas accès aux transports en commun. Comment financer ce chèque carburant ? En taxant bien sûr. Cette fois, ce sont les sociétés d'autoroutes qui seraient visées.

Une idée qui montre cette capacité si française à vouloir régler un problème d'impôt par un nouvel impôt.