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"Personne ne sait où est l'artisan": comment une erreur de RIB a mis un couple sur la paille

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Le couple de Charente-Maritime devait régler une facture de 176.000 euros au constructeur de sa maison. Mais ce dernier n'a jamais reçu le paiement à cause d'une erreur de RIB.

Il ne restait que 4 jours avant la remise officielle des clés du logement. Le 1er mars 2021, un jeune couple reçoit un email du constructeur de leur maison à La Jarne (Charente-Maritime). La société Maisons d'en France exige le règlement d'une facture finale de 176.509 euros à partir d'un RIB partagé en pièce-jointe.

Problème: les coordonnées bancaires ne sont pas bonnes et sont celles de Tim Bat, un artisan qui travaille pour ce même constructeur, rapporte France Bleu. Le virement est effectué et l'artisan est sommé très vite de rembourser l'argent transmis par erreur. Au total, 106.000 euros seront restitués mais plus de 70.000 euros manquent encore à l'appel.

Enchaînement de mauvaises nouvelles

"Cet artisan, personne ne sait où il est. Il n'a pas payé tout ce qu'il devait à son avocat. On sait juste que sa société a déménagé à Paris et qu'un co-gérant a repris la suite", explique Florian, le mari de ce couple lésé, à France Bleu.

S'ensuit un enchaînement de poursuites juridiques qui laisse Florian et Émilie avec une énorme dette dans les bras. La Coopérative vendéenne du logement, qui détient entre autres l'agence Maisons d'en France, obtient en effet gain de cause pour le préjudice causé et le couple est condamné le 14 mai 2024 par le tribunal judiciaire de la Rochelle à régler la somme due. Il est demandé au couple de se retourner contre l'artisan Tim Bat pour rembourser sa dette.

Et si cela n'était pas suffisant: le 9 octobre dernier, un huissier s'est rendu à leur domicile pour leur informer un délai d'un mois restant avant le déclenchement d'une procédure de saisie de leurs biens.

"On ne vit plus. On se prive de tout parce que si jamais un jour on n'a pas le choix, il faut qu'on se soit serré la ceinture, pour que ça fasse le moins mal possible", témoigne Florian.

Florian, technicien, et Émilie, secrétaire médicale en télétravail, souhaitent faire appel en réglant leurs frais de justice grâce à une cagnotte qu'ils ont lancée en ligne. "Nous avons déjà dépensé quasiment 4.500 euros de frais d'avocat en première instance. Il va encore falloir en dépenser 7.500. Ça commence à faire beaucoup quand on n'a rien fait", déplore Florian.

Pierre Berthoux