BFM Business
Economie et Social

"Nous devons les copier": Bruno Le Maire, inquiet pour l'automobile, appelle les constructeurs français à s'inspirer des Chinois

Bruno Le Maire lors de la conférence de presse de présentation du Budget 2024 (photo d'illustration).

Bruno Le Maire lors de la conférence de presse de présentation du Budget 2024 (photo d'illustration). - Mehdi FEDOUACH

L'ancien ministre a notamment plaidé pour une meilleure intégration des voitures hybrides dans la stratégie européenne, lors de son audition par la commission d'enquête sur la réindustrialisation.

"Je suis très préoccupé pour notre industrie automobile. Si nous ne réagissons pas vite et fort la filière peut être rayée de la carte en quelques années", a estimé Bruno Le Maire, auditionné ce jeudi 12 juin par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les freins à la réindustrialisation.

"Il y a urgence à permettre à notre industrie d'être dans la course", a averti l'ancien ministre de l'Économie, en appelant notamment à "repenser la stratégie européenne" qui prévoit notamment l'interdiction européenne de vendre des voitures thermiques neuves à partir de 2035.

"Nous sommes aujourd'hui à 18% de part de marché sur le véhicule électrique. Nous ne tiendrons pas l'objectif de 2035 (...). Il faut du pragmatisme avant que la fusée ne se crashe", a-t-il poursuivi.

Pour autant, Bruno Le Maire ne se dit "pas favorable au décalage de la date de 2035" mais plaide pour "ouvrir les options", notamment sur l'hybride rechargeable dont les ventes progressent. A ce stade, la législation prévoit l'interdiction de leur vente dans dix ans.

Contraindre la Chine

L'ancien ministre a également soutenu la nécessité d'un changement de braquet face à la Chine, désormais de très loin le premier exportateur automobile mondial. "Pour garder notre industrie automobile (...), nous n'aurons pas d'autre choix que de faire venir des constructeurs chinois en France. Mais ils doivent venir à nos conditions", a-t-il estimé.

Concrètement, "il va falloir imposer aux constructeurs chinois ce que la Chine a imposé aux constructeurs européens au XXème siècle, je pense notamment à des joint-ventures, aux transferts de technologie et aux clauses de contenu local. Nous devons les copier et nous inspirer d'eux", a poursuivi l'ancien ministre, désormais conseiller stratégique pour ASML, le fleuron néerlandais des semi-conducteurs.

Bruno Le Maire avait tenté d'attirer BYD dans l'Hexagone lorsqu'il était encore à Bercy, sans succès. Le constructeur chinois, désormais n°1 mondial sur l'électrique, s'est pour l'heure surtout implanté en Hongrie, où le gouvernement de Viktor Orban se montre nettement moins exigeant.

Face aux députés de la commission, l'ex-ministre de l'Économie a enfin soutenu la stabilité des réglementations, la suppression de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), deux impôts sur les entreprises. Il s'est aussi dit favorable à la disparition de la Commission nationale du débat public (CNDP).

P.L