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ASML, le champion européen au coeur de la guerre de l'intelligence artificielle

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Présente au Sommet de l'IA qui s'est déroulé à Paris du 10 au 11 février 2025, l'entreprise néerlandaise ASML est l'un des leaders du secteur, ce qui permet à l'Union européenne d'être audible face aux Etats-Unis et à la Chine.

Contrairement à OpenAI, Nvidia ou Mistral, qui rentrent peu à peu dans le dictionnaire du grand public, ASML reste encore peu connue, en dehors des spécialistes. Pourtant l'entreprise néerlandaise est l'un des maillons essentiels du secteur de l'intelligence artificielle. Sans elle, c'est toute l'industrie qui pourrait se retrouver démunie.

Elle est en effet la seule à concevoir des machines de lithographie, qui grave de minuscules motifs sur les puces électroniques. Puces électroniques utilisées ensuite dans les data centers qui font fonctionner les modèles de langage de Mistral, OpenAI ou encore Google.

TSMC, l'entreprise taïwanaise qui se charge d'une bonne partie de la fabrication de ces puces, utilise ainsi les machines d'ASML graver jusqu'à 3 nanomètres. La finesse de gravure assure aux puces la puissance et l'efficacité énergétique essentielles à leur bon fonctionnement. Plus la gravure est fine, plus l'ensemble est intéressant pour le client (Nvidia, AMD…).

Une aubaine européenne

Intel, qui se charge de produire certaines de ses puces pour les processeurs, n'atteint pas cette finesse de gravure rendue possible avec les machines de lithographie d'ASML. C'est en partie pour cette raison que l'entreprise américaine a aujourd'hui des gros problèmes financiers, car très en retard sur ses concurrents asiatiques.

Pour l'Europe, c'est une aubaine. Elle s'assure ainsi une place à la table des négociations, pas seulement dans l'IA, mais pour toute l'industrie des semi-conducteurs.

Le Français Christophe Fouquet à la tête d'ASML
Le Français Christophe Fouquet à la tête d'ASML © ROB ENGELAAR / ANP / AFP

Il n'est ainsi pas étonnant de voir la présidente de la Commission européen, Ursula von der Leyen, célébrer un "champion européen" lorsqu'elle rencontre Christophe Fouquet, le patron d'ASML, lors du Sommet pour l'IA de Paris. Ce Français, arrivé dans l'entreprise en 2008, est aujourd'hui l'un des hommes les plus puissants du secteur.

Un maillon indétrônable

Plus de 28.000 salariés composent ASML, et sa place de choix dans la conception des machines de lithographie offre à l'Europe un moyen de pression sur la Chine et les Etats-Unis, mais également une certaine idée de la souveraineté technologique. Si l'Union européenne ne produit pas les puces qui sont ensuite installées dans les centres de données, elle en est un maillon indétrônable, possédant plus de 80% de part de marché dans le monde.

Et ASML le lui rend bien: elle est de celle qui contribue le plus à l'économie européenne, notamment grâce à la création d'emplois hautement qualifiés. Elle est l'un des partenaires privilégiés de nombreux groupes et institutions du vieux continent.

S'agit-il pour autant d'un colosse aux pieds d'argile? L'entreprise reste fortement dépendante de la situation géopolitique, notamment à Taïwan, où se trouvent les usines de TSMC. Mais c'est aussi le cas de Nvidia et d'AMD, qui n'ont pas d'usines et qui se reposent sur ce partenaire asiatique, tout comme Apple et Google.

En attendant, ASML peut s'appuyer sur un sérieux bilan financier: un chiffre d’affaires de 28,3 milliards d’euros en 2024, et 7,6 milliards d’euros de bénéfices. En annonçant ces résultats, fin janvier, Christophe Fouquet annonçait même la couleur: "l'avenir sera radieux."

Sylvain Trinel