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Un géant australien de la distribution admet avoir sciemment sous-payé des milliers de salariés

Un magasin Woolworth à Torquay en Australie

Un magasin Woolworth à Torquay en Australie - CC Flickr

Woolworths, un géant australien de la distribution aurait sous-payé 5700 employés depuis 2010 pour un montant équivalent à plus de 185 millions d'euros. L'entreprise n'est pas la première touchée par un scandale de "vol de salaire": Qantas, 7-Eleven et d'autres ont déjà été épinglées.

Le géant australien de la grande distribution Woolworths a admis mercredi avoir sous-payé des milliers d'employés, leur devant un montant total de 300 millions de dollars australiens (185,45 millions d'euros). Woolworths, une des plus grandes chaînes de supermarchés du pays, a estimé qu'environ 5700 de ses employés ont été sous-payés depuis 2010, constituant le plus gros scandale de sous-rémunération d'une longue série en Australie. En moyenne, chaque salarié aurait ainsi été sous payé de l'équivalent de plus de 32.000 euros.

"Nous présentons nos excuses sans réserve", a déclaré le PDG Brad Banducci cité dans un communiqué. "La priorité absolue du groupe Woolworths est de résoudre ce problème et de s'assurer qu'il ne se reproduira pas", a-t-il affirmé.

Woolworths a indiqué qu'il effectuerait des paiements rétroactifs, comprenant les intérêts et les cotisations retraite, avant Noël.

D'autres entreprises australiennes concernées

"Récemment, nous avons vu un nombre inquiétant de grandes entreprises admettre publiquement qu'elles ont sous-payé leur personnel", a souligné Sandra Parker, de Fair Work Ombudsman, agence indépendante spécialiste du droit du travail. "Certains de ces problèmes remontent à de nombreuses années et plusieurs représentent des millions de dollars dus aux salariés", selon elle.

Le gouvernement australien a annoncé le mois dernier qu'un texte était en préparation visant à imposer des sanctions pénales aux employeurs qui sous-paient leur personnel de manière délibérée. Le ministre des Relations industrielles, Christian Porter, a proposé que les coupables de tels faits puissent être passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.

Des salariés également victimes chez Qantas

De grandes noms d'entreprises australiennes comme la Commonwealth Bank, la chaîne de télévision publique ABC ou encore le conglomérat australien Wesfarmers ont reconnu cette année avoir sous-payé leur personnel, devant des montants s'élevant à des millions de dollars. La compagnie aérienne Qantas a elle admis avoir sur ou sous-payé plus de 200 salariés après les avoir embauchés sur des contrats erronés.

De tels scandales ont également éclaboussé l'industrie hôtelière ces derniers mois, alors que de nombreux chefs ont admis ne pas avoir rémunéré des personnels de manière adéquate. La chaîne de magasins de proximité 7-Eleven a remboursé son personnel de plus de 160 millions de dollars australiens (98,86 millions d'euros) et a dû s'acquitter d'un total d'amendes de 1,8 million de dollars australiens après la découverte que ses franchises avaient systématiquement sous-payé leurs employés.

Les syndicats s'alarment que le "vol de salaire" devienne une pratique bien ancrée en Australie et réclament des peines plus sévères à l'encontre des entreprises qui contreviennent à la loi.

A.-K.M avec AFP