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"Il faut frapper au portefeuille": Bruno Retailleau veut "scanner le patrimoine" des narcotrafiquants

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Le ministre de l'Intérieur a profité d'une conférence de presse à Marseille ce vendredi pour proposer une mesure qui vise le patrimoine des trafiquants de drogue.

"Al Capone est tombé sur une enquête fiscale et non une enquête de stupéfiants, il faut frapper au portefeuille", a déclaré Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, avec l'aval du ministère de la Justice représenté par Didier Migaud. Les deux ministres étaient présents ce vendredi à Marseille lors d'une conférence de presse spéciale de lutte contre le narcotrafic.

Le ministre de l'Intérieur appelle à "scanner l'ensemble du patrimoine et des mesures d'urgences de gel des avoirs" des trafiquants de drogue. Et si des opérations frauduleuses y sont détectées, Bruno Retailleau propose des sanctions telles qu'une "procédure administrative d'urgence de gels des avoirs" et une "interdiction de paraître sur les points de deal", voire jusqu'à l'expulsion de son logement.

Soumettre les loueurs de véhicules aux obligations de vérification d'origines des fonds, poursuit-il en affirmant que "les gendarmes et les policiers savent très bien de quoi je veux parler". L'objectif étant "d'inverser la charge de la preuve" et demandant aux conducteurs de "gros cylindrés" d'apporter la preuve de leur acquisition.

"Il faut donner aux commerces les pouvoirs de fermer des commerces de blanchiment."

Un chiffre d'affaires annuel estimé entre 3,5 et 6 milliards d'euros

Les deux hommes ont choisi de dévoiler leur plan contre la criminalité organisée dans la cité phocéenne, théâtre d'une guerre de territoire sanglante entre gangs de narcotrafiquants. "La menace s'est amplifiée et nécessite que l'État s'arme davantage", a lancé le garde des Sceaux dans un entretien à La Provence vendredi, qui veut "agir immédiatement pour apporter une réponse ferme".

"Les saisies de cocaïne ont été multipliées par cinq en dix ans, les drogues les plus dures sont disponibles sur tous les territoires et tout le temps. Le rajeunissement des personnes qui tuent et qui sont tuées est effroyable. Le narcotrafic est une cause racine de la violence et de la corruption", a abondé Bruno Retailleau. Après plusieurs fusillades meurtrières liées aux trafics de drogue, le ministre de l'Intérieur avait promis une "guerre" longue et sans merci contre ces trafics, dont le chiffre d'affaires est estimé entre 3,5 et six milliards d'euros par an en France.

"La lutte contre le narcobanditisme est une grande cause nationale et il faut changer de braquet. Mais est-ce que le contexte budgétaire le permet?", s'interroge une source judiciaire sollicitée par l'AFP.
Pierre Berthoux avec AFP