Sanctions des chômeurs: pour Pénicaud, l'ancien système n'était pas "juste" et "bizarre"

Le décret sur le contrôle des chômeurs, publié le 30 décembre au Journal officiel, n’est pas passé inaperçu. Le texte instaure une nouvelle échelle de sanctions envers les inscrits à Pôle emploi qui manqueraient à leurs obligations. La mesure avait été discutée avec les partenaires sociaux, mais le contenu final du décret a ulcéré certains syndicats, qui dénoncent un durcissement bien plus sévère que prévu. Or, selon la ministre du Travail Muriel Pénicaud invitée de BFM Politique ce dimanche, ce serait le contraire: ces nouvelles règles mettent fin à un "système injuste et bizarre", a-t-elle estimé.
"Jusqu’au 31 décembre, lorsque vous étiez chômeurs, vous aviez une suspension de deux mois de votre allocation si vous ne vous rendiez pas à une convocation de Pôle emploi sans excuse valable", a-t-elle détaillé sur notre plateau. "Par contre si vous ne cherchiez pas d’emploi, ce n’était qu’un mois. C’est bizarre, c’est absurde et c’est assez injuste. Donc on a inversé. Pour ne pas se rendre à une convocation, ce sera un mois (de suspension de l’allocation, NDLR), et puis ce sera un mois aussi, mais où l’allocation est vraiment supprimée et on ne la récupère pas à la fin, si on ne cherche pas d’emploi", a ajouté la ministre.
Les contrôles "remobilisent"
La ministre considère qu’un chômeur ne cherche pas vraiment d’emploi lorsqu’il "ne va à aucun atelier de Pôle emploi, ne répond pas aux offres, refuse des offres". Mais "c’est une minorité de chômeurs", a-t-elle souligné. Ainsi, en 2018, Pôle emploi a contrôlé 300.000 chômeurs. 66% d’entre eux cherchaient très activement du travail, et "20% étaient découragés, ce qu’on peut comprendre", a jugé la ministre. Ce contrôle a eu pour effet de "remobiliser" à la fois les conseillers et les chômeurs, affirme encore Muriel Pénicaud.
La ministre s’est par ailleurs montrée préoccupée par les conséquences du mouvement des gilets jaunes sur l’emploi. Elle a précisé que son ministère avait reçu des demandes de placement au chômage technique pour 58.000 salariés, dont 94% travaillent pour des PME. Le dispositif de chômage partiel permet aux entreprises qui font face à une baisse d’activité de réduire le temps de travail de leurs salariés, l’état compensant la différence de salaire pour ce dernier. Muriel Pénicaud a ainsi débloqué 32 millions d’euros pour financer l’activité partielle de ces salariés depuis le début des blocages, a-t-elle indiqué.