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Renégociations commerciales: le ton monte entre agriculteurs et distributeurs

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Les syndicats agricoles réclament des hausse de tarifs et pointent un attentisme de la part des distributeurs. Qui contestent eux les sources de la hausse des prix actuelles.

Distributeurs et agriculteurs peinent à se rejoindre. Depuis deux mois, les négociations commerciales sont ouvertes : mais les échanges se tendent désormais. Dernier épisode en date, le syndicat agricole majoritaire FNSEA a estimé dans un communiqué que les grandes surfaces jouaient la montre :

Il n’est pas admissible – alors que les distributeurs se sont engagés à travers une charte initiée par les pouvoirs publics – que les enseignes continuent de gagner du temps pour ne pas boucler les négociations" explique le syndicat, allié pour l'occasion au syndicat des moins de 35 ans, Jeunes Agriculteurs."

Alors qu'une nouvelle réunion de suivi a lieu jeudi, le syndicat alerte sur "l'urgence" de conclure ces négociations avant la fin du mois de mai, "date butoir non négociable" au risque de mettre en danger toute la filière. Ils réclament des hausses du prix d'achat de leurs produits.

"Les distributeurs depuis des années n'ont qu'une seule envie: c'est de vendre moins cher. Ils se font la guerre sur le dos de leurs livreurs: les industriels et les agriculteurs", a fustigé sa présidente, Christiane Lambert, interrogée sur RMC.

Distributeurs inflexibles sur leurs marges

Chaque année, ces contrats commerciaux déterminent le prix de nombreux produits vendus par les industriels aux grandes surfaces. Le monde agricole, qui les approvisionne, négocie avec eux pour obtenir des hausses à l'achat de l'ordre de 20%, indique la FNSEA.

"Sur 60% de notre chiffre d'affaires, on nous redemande des hausses de 8% qu'on ne va pas accepter, je vous le dis tout de suite. On va négocier et on n'acceptera que les hausses sur justificatif" des fournisseurs, a affirmé de son côté Michel-Édouard Leclerc sur LCI.

La FNSEA appelle également à une "pleine application d'Egalim 2", une loi qui oblige enseignes et industriels à tenir compte de l'accroissement des coûts de production agricoles, qui ont flambé avec la guerre en Ukraine. "Est-ce que c'est aux agriculteurs de se serrer la ceinture pour que le consommateur puisse boire du lait ou manger de la viande ?", a déploré Christiane Lambert.

Désaccord sur les sources de l'inflation

Industriels et distributeurs se sont remis autour de la table des négociations mi-mars pour revoir leurs contrats commerciaux signés quinze jours plus tôt. Ils avaient acté une hausse de 3% pour répercuter l'inflation, trop tôt cependant pour prendre en compte les impacts du conflit.

"Les prix alimentaires augmentent, mais ce n'est pas encore la faute à l'Ukraine", abonde M. Leclerc, les hausses affichées en supermarché correspondant à ces 3% négociés en mars, alors que l'impact du conflit se fera plutôt ressentir en rayons "à partir de l'automne".

VG avec AFP