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Le Monde s'excuse après un article sur les notes de frais du gouverneur de la Banque de France

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Un article du quotidien épinglait des dépenses à hauteur de plus de 50.000 euros l'an passé en déplacements en classe affaires et en hôtels de luxe. Des dépenses finalement pas si exceptionnelles que ça.

Le journal Le Monde a présenté d'exceptionnelles excuses à ses lecteurs, ainsi qu'au gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, à la suite de la publication d'un article sur des notes de frais, a signalé l'éditorialiste Sylvie Kauffmann sur X jeudi.

L'article, intitulé "Hôtels de luxe et vols en classe affaires: les notes de frais du gouverneur de la Banque de France en question", a été publié le 17 mai. Il affirme que François Villeroy de Galhau a accumulé "plus de 50.700 euros de frais liés à ses déplacements et repas professionnels pour la seule année 2023".

"Un chiffre qui s'explique largement par le goût du gouverneur pour les hôtels de luxe et les vols en classe affaires", indiquait encore l'article.

Dans un droit de réponse publié par Le Monde et sur le site de l'institution, François Villeroy de Galhau ne cachait pas sa colère.

Il dénonce une "attaque purement personnelle, et sans aucun fondement". Et conteste ensuite point par point les accusations du journal.

"Attaque purement personnelle"

Le responsable signale d'abord que "l’article aurait dû commencer par préciser que l'ensemble de ces déplacements correspond aux obligations européennes et internationales fortes de la Banque de France".

Concernant les frais d'avion (27.149 euros), François Villeroy de Galhau souligne que le choix de la classe affaires est celui fait par "les dirigeants publics en France et dans les pays étrangers, pour des raisons de travail, de sécurité et de confidentialité".

Du côté des frais d'hébergement, le responsable conteste de privilégier des hôtels de luxe. Preuves à l'appui.

"Au total, hors le cas particulier de Davos, le coût moyen par nuitée est de 265 euros, ce qui est un budget maîtrisé au regard des grandes villes de destination", conclut-il.

Une fois ces explications fournies, François Villeroy de Galhau s'en prend directement au quotidien. "Est-ce la volonté de nuire à la Banque de France, et de l'empêcher de réaliser ses missions européennes et internationales? Est-ce pour faire taire une des voix indépendantes, qui éclaire effectivement – sans jamais polémiquer – sur notre situation de finances publiques?", écrit-il, estimant que Le Monde cède "à une tentation populiste que (le) journal dénonce souvent par ailleurs".

L'attaque du quotidien du soir et la réponse argumentée du gouverneur a ensuite alimenté un certain buzz qui a incité le journal à revoir se position.

"Une erreur"

"La lecture de ce texte et la réaction de nombreux lecteurs ont incité la direction de la rédaction à réexaminer en détail les éléments d'information qui ont conduit à la réalisation de cet article", a ajouté la rédaction du journal, dans un encart publié dans l'article en question.

"Il est apparu, à la lumière de ces discussions éditoriales, que les dépenses mentionnées ne justifiaient pas, en elles-mêmes, un article construit sous cet angle", poursuit le texte, qui évoque "une erreur".

"Le Monde a néanmoins choisi de retitrer ("Les notes de frais du gouverneur de la Banque de France en question", NDLR), mais de ne pas dépublier cet article, déjà largement lu et commenté : cela conduirait à faire disparaître le droit de réponse, qui offre nombre d'explications aux questions soulevées", justifie-t-il, avant de présenter ses excuses aux lecteurs et à François Villeroy de Galhau.

Olivier Chicheportiche avec AFP