Le FMI revoit à la hausse la croissance française pour 2023

L'économie française "a mieux résisté" que le reste des économies européennes cette année mais est confrontée à une inflation qui persiste davantage, du fait de la levée des mesures de soutien aux ménages qui auront un impact sur les prix, a déclaré à l'AFP le chef-économiste du Fonds monétaire international (FMI), Pierre-Olivier Gourinchas.
Le Fonds a publié mardi son rapport annuel sur l'état de l'économie dans le monde (ou WEO), prévoyant notamment pour 2023 une croissance un peu plus élevée en France que ce qu'elle anticipait lors de ses précédentes prévisions, en juillet, à 1% contre 0,8% il y a trois mois.
Celles de 2024 restent en revanche inchangées, à 1,3%, légèrement au-dessus de celles pour l'ensemble de la zone euro (1,2%).
Reprise du tourisme
L'économie française a notamment profité de "l'importance des services" et en particulier de la reprise du tourisme "un peu comme d'autres pays de la zone euro", à commencer par l'Espagne et l'Italie.
Mais "ce que l'on voit dans les chiffres, c'est qu'il y a aussi un rebond de la production industrielle. Il y a un rebond dans le secteur de l'automobile, dans le secteur aérien, dans la production d'énergie, notamment du fait de la remise en marche des centrales nucléaires", a détaillé Pierre-Olivier Gourinchas.
La France avait été confrontée en 2022 à l'arrêt simultané de près de la moitié de son parc nucléaire, après notamment la découverte de micro-fissures dans les circuits de refroidissement des réacteurs, forçant le pays à s'approvisionner davantage à l'étranger.
Si la croissance est plus élevée que dans la zone euro, le retour de l'inflation vers des eaux plus clémentes, autour de 2%, sera en revanche plus lent qu'ailleurs, estime le FMI.
Parmi les causes, "une économie qui a été plutôt bien protégée en 2022, avec par exemple différents boucliers énergétiques", mais du coup leur fin entraîne une hausse des prix, "on l'a vu par exemple avec l'augmentation du prix de l'électricité intervenue pendant l'été", a souligné Pierre-Olivier Gourinchas.
"Par rapport à des pays qui n'ont pas eu de mesures aussi agressives de protection et donc une inflation beaucoup plus forte mais aussi un recul plus marqué, la France a eu une inflation plus faible mais aura une désinflation plus lente", a prévenu le chef-économiste du Fonds.
+3% de croisance au niveau mondial
La France fera donc bien mieux que l'Allemagne qui devrait connaître une récession plus forte que prévue. Elle sera même lanterne rouge des grands pays industriels avec une économie minée par les taux d'intérêts élevés et des échanges commerciaux en berne, a estimé mardi le FMI.
Dans ses prévisions mondiales trimestrielles, l'institution table désormais sur une contraction de 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) de la première économie européenne, contre un recul de 0,3% prévu lors de son estimation précédente en juillet. Pour 2024, le FMI baisse drastiquement sa prévision à +0,9% alors qu'il tablait initialement sur +1,3%.
Enfin, au niveau mondial, le FMI maintient à 3% sa prévision de croissance mondiale pour 2023, et anticipe 2,9% en 2024. La zone euro devrait finir l'année à tout juste 0,7% et +1,2% en 2024 soit 0,3 point de moins qu'il y a trois mois.