Incendie à Rouen: pourquoi Lubrizol communique aussi peu

Le Premier ministre l’avait annoncé mardi 1er octobre à l'Assemblée nationale, la liste des produits présents dans l’entrepôt au moment de l’incendie a été publiée par la préfecture de Seine-Maritime. - Lou Besnoit-AFP
La vive inquiétude sur le réel impact de l'incendie de Rouen sur la santé et l'environnement prouve que la communication "de crise" reste un art délicat. Depuis l'incendie du 26 septembre sur son site de Rouen (classé Seveso seuil haut), le propriétaire de l'usine de produits chimiques a eu la parole rare.
Il a fallu attendre deux jours pour que Frédéric Henry, directeur de la filiale française de Lubrizol, s'exprime sur l'antenne d'Europe 1. Samedi matin 28 septembre, il s'est dit "très étonné de voir un incendie qui démarre en pleine nuit dans un endroit où il n'y a personne" tout en exprimant de "l'empathie" pour les riverains, comprenant qu'ils aient été "très choqués" vu l'ampleur du sinistre. Ce dirigeant s'est à nouveau exprimé dans le quotidien régional Paris Normandie, le 30 septembre, précisant que "10% du site avait été détruit", et ajoutant, "je crois qu'il y a une enquête judiciaire, une enquête administrative et la nôtre que nous menons en interne pour comprendre d'où vient ce feu".
Le plan particulier d'intervention centralise la "com"
Mais l'entreprise a surtout dû composer avec le cas de figure particulier induit par le déclenchement du plan particulier d'intervention (PPI) par les autorités. Le PPI signifie "que toutes les décisions et la communication vers le public sont sous l’autorité de la Préfecture et de ses services techniques. Nous suivons les procédures du PPI" explique la direction de Lubrizol sur son site internet officiel.
Autrement dit, l'entreprise n'est pas maîtresse de sa communication sur les conséquences liées à l'incendie. Ce qui ne l'a pas empêchée de se faire épingler par Sibeth Ndiaye. La porte-parole du gouvernement a regretté, ce mercredi sur Europe 1, que "Lubrizol ait une communication qui ne soit pas très compatissante envers les habitants."
La liste de 5253 tonnes de produits chimique fut publiée
Classée Seveso, l'usine de Rouen est en outre concernée par le fait que, depuis fin 2017 et pour des raisons de sécurité, la liste complète des substances présentes sur ces sites n'est plus rendue publique. C'est pourquoi ce fut la préfecture de Seine-Maritime qui, en partie sous la pression de l'opinion publique, s'est décidée à publier hier mardi en soirée, la liste des 5253 tonnes de produits chimiques stockés dans l'entrepôt ayant brûlé.
Ces nombreux produits sont utilisés pour la fabrication d'additifs "multi-usages" notamment dans les lubrifiants industriels, les huiles pour moteurs et transmissions ou encore les carburants. On retrouve par exemple des additifs estampillés Lubrizol dans les huiles moteur de certaines Mercedes, Daimler ou encore pour certaines directions assistées hydrauliques de BMW. Mais ses composants sont aussi utilisés dans des produits de beauté, des tuyaux de plomberie ou encore dans les revêtements de meubles.