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Deux années de présidence Macron: qui sont les gagnants et les perdants de sa politique économique?

Le président de la République Emmanuel Macron, le 1er mai 2019 lors de sa 1ère conférence de presse à l'Elysée.

Le président de la République Emmanuel Macron, le 1er mai 2019 lors de sa 1ère conférence de presse à l'Elysée. - Ludovic Marin - AFP

Dès le début de son quinquennat, Emmanuel Macron a choisi de privilégier les actifs au détriment des retraités. Ce choix a été quelque peu été chamboulé depuis l'émergence du mouvement des gilets jaunes avec des mesures qui ont favorisé la classe moyenne.

Souvenez-vous, le 7 mai 2017, il y a tout juste deux ans jour pour jour, Emmanuel Macron remportait l'élection présidentielle face à Marine Le Pen et délivrait son discours triomphal au Louvre. Depuis la CSG a augmenté, les cotisations salariales ont baissé et surtout, le mouvement des gilets jaunes a éclaté, forçant le chef de l'État à accélérer ou à revenir sur certains de ses projets. 

> Les travailleurs modestes sauvés par les "mesures gilets jaunes"

Depuis le 10 décembre dernier, l'exécutif multiplie les mesures pour élever le pouvoir d'achat des actifs qui ont un emploi: hausse de la prime d’activité, du chèque énergie, création de la prime exceptionnelle pour le pouvoir d'achat, mise en place des heures supplémentaires défiscalisées et exemptées de cotisations salariales.

À cela s'ajoute l'augmentation du chèque énergie et l'annulation de la hausse des taxes sur les carburants. Finalement, tous les travailleurs vont sortir gagnants de la première moitié du quinquennat, selon les calculs de l'Institut des politiques publiques (IPP) publiés en janvier. Ce qui n'aurait pas été le cas sans les mesures décidées à la fin de l'année 2018, en réponse au mouvement des gilets jaunes. Auparavant, les travailleurs modestes (qui gagnent moins que les 15% les plus pauvres) étaient légèrement pénalisés (-0,5% de pouvoir d'achat en moyenne) par les mesures budgétaires d'Emmanuel Macron. Désormais, ils en profitent aussi, certes peu (entre 0% et 1%, selon le niveau de revenus), mais ils ne figurent plus parmi les perdants.

> Les ultra-riches restent les grands gagnants

Ce sont de loin les premiers gagnants de la première moitié du quinquennat: les ultra-riches. Selon les calculs de l'IPP, les effets cumulés des budgets 2018 et 2019 ont augmenté le pouvoir d'achat des 1% les plus aisés de 6,4%. Les disparités sont fortes à l'intérieur même de ce centile. Si bien que plus les riches sont riches, plus ils sont gagnants. Les ménages faisant partie des 0,1% les plus aisés ont vu leur revenu disponible augmenter de 17,5%.

Ces gains résultent évidemment de la suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), remplacé par l'Impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui ne prend en compte que le patrimoine immobilier. Les revenus des placements financiers sont,eux, assujettis au Prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou "flat tax" de 30%. Or, plus une personne est aisée, plus la part de ses revenus financiers dans l'ensemble de ses revenus est élevée.

> Les retraités sont moins nombreux parmi les perdants

Les retraités sont les grands perdants. Le choix d'Emmanuel Macron de financer l'assurance chômage par la CSG les a pénalisés, car ils ne peuvent pas bénéficier en contrepartie d'une baisse des cotisations. À cela s'est ajouté la désindexation des pensions par rapport à l'inflation. En 2019, elles ne sont revalorisées que de 0,3% alors que les prix ont grimpé de 1,8% l'année passée. 

Depuis décembre, Emmanuel Macron est revenu en partie sur ces décisions. Les retraités dont la pension est inférieure à 2000 euros par mois verront la hausse de CSG annulée et leur pension à nouveau indexée sur l'inflation. 

> Les plus modestes sans emploi également pénalisés

Plus surprenant, les bénéficiaires des prestations sociales sont également pénalisés par les mesures de cette première moitié de quinquennat. Prestations familiales, mais aussi certaines aides comme les APL ont également été sous-revalorisée, avec une hausse de seulement 0,3%. En revanche, les minima sociaux, comme le RSA, le minimum vieillesse et l'Allocation adultes handicapés ont été augmentés. Choyés par les précédents gouvernements, retraités et plus modestes sont plutôt malmenés sous la présidence d'Emmanuel Macron. 

Jean-Christophe Catalon avec Gaëtane Meslin