"Il ne faut pas se presser": Pierre Moscovici réclame un gouvernement "plus solide" que celui de Michel Barnier

Pierre Moscovici, premier président de la Cour des Comptes, le 16 octobre 2024 à Toulouse - Lionel BONAVENTURE © 2019 AFP
"Il faut rassurer la capacité du pays à être gouverné." Invité au micro de France Inter, le président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a appelé mardi à adopter une stratégie différente concernant la formation d'un nouveau gouvernement. Et ce, afin d'éviter une nouvelle censure, ce qui entraverait la crédibilité de la France auprès des investisseurs.
"Il ne faut pas trop se presser. Il faut une situation qui soit différente de celle de Michel Barnier qui était trop fragile, a-t-il exposé. Il faut essayer de trouver quelque chose de plus solide."
Pour autant, l'ancien ministre des Finances a expliqué qu'une trop grande période de latence serait également néfaste pour la situation économique du pays. "Les équilibres ne peuvent pas être sacrifiés au passage, a-t-il rappelé. La dette est l’ennemie de l'économie et de l’action publique." Sans gouvernement et donc sans budget, la France ne pourra pas entamer les réformes que l'ancien socialiste juge nécessaires pour dégraisser des finances publiques, dans une situation "d'extrême gravité".
Des économies difficiles à réaliser
"Nous n'avons plus de marge de manœuvre en la matière, a jugé Pierre Moscovici. Nous avons des créanciers qui regardent de près notre situation". Le président de la Cour des comptes estime que Michel Barnier avait eu le mérite de "fixer un cap", en présentant un budget qui prévoyait de réduire le déficit public à 5% en 2025. Le tout avec 40 milliards d'euros d'économies et 20 milliards de hausses d'impôts.
Néanmoins, Pierre Moscovici a souligné que le prochain gouvernement ne pourrait reprendre le budget tel que conçu par l'équipe Barnier, celui-ci ayant été responsable de sa chute.
"Je suis réaliste, a-t-il déclaré. Les économies demandées aux collectivités locales et à la sécurité sociale seront difficiles à mettre en place."
"Inflexion"
L'ancien ministre estime toutefois que des marges de manœuvre existent pour dégraisser des finances publiques qui pèsent "57% du PIB, un record en Europe". Il en a profité pour distiller quelques pistes. "Est-indispensable que les politiques d'apprentissage soient accessibles à tous les élèves du supérieur?", a interrogé Pierre Moscovici alors que le coût du dispositif est estimé entre 22 et 25 milliards d'euros par an, selon l'économiste de l'OFCE Bruno Coquet. Le président de la Cour a également pointé les dépenses de relance mises en place durant les crises Covid et de l'énergie.
Pour autant, "une France forte, ce n’est pas une France qui fait de l’austérité", a-t-il finalement concédé après avoir appelé à une réduction des dépenses.
Selon lui, il est également nécessaire d'augmenter, au "moins à court terme", la fiscalité, dans un besoin de "justice fiscale".
Si l'ancien ministre juge nécessaire que le nouveau "budget marque une inflexion", les positions énoncées reprennent en partie la lecture du précédent.