ÉDITO. Budget 2025: ce qu'en dirait Milton Friedman

Milton Friedman, le grand Milton Friedman, mort il y a près de 20 ans déjà, Nobel d’économie 1976, conseillait de regarder une chose et une seule dans la politique d'un gouvernement: le niveau des dépenses.
Parce que, disait-il, il n’existe pas de budget déséquilibré. À la fin des fins, le contribuable finit toujours par payer. Soit directement sous forme de taxes, soit indirectement sous forme d’inflation ou par l’emprunt. Je rappelle que la charge de la dette atteindra 67 milliards cette année et devrait grimper à 112 milliards d’ici 2029.
Des hausses de dépenses, d'impôts et de dette
Et le budget de l’État comme le budget de la Sécu qui vient d’être adopté au Sénat, ne font qu’augmenter les dépenses, les impôts et la dette...
Le PLF 2025 c’est:
- Une hausse de la dépense publique de 0,2 point de PIB
- Une hausse du taux de prélèvements obligatoires de 0,7 point de PIB
- Une hausse de la dette de 2,8 points de PIB
LE PLFSS 2025 c’est:
- 23 milliards de dépenses de santé supplémentaires (666 milliards au total)
- Une aggravation du déficit de la Sécu à 22,1 milliards au lieu de 16 milliards prévus initialement
- Une facture réelle qui sera probablement encore nettement en hausse d'ici la fin de l'année
Ce budget de la Sécu c’est aussi un budget de renoncement à la moindre économie :
- Sur la hausse des tickets modérateurs
- Sur les retraites, qui sont pourtant la première des dépenses publiques
- Sur les indemnités journalières, les jours de carences...
Et bien sûr des taxes supplémentaires (taxe soda, taxe lapin...).
Et manquent encore les collectivités territoriales...
Oui, dont les dépenses ont augmenté de plus de 60 milliards depuis le Covid. L’exécution budgétaire 2024 ne sera connue que dans un mois, mais pour lever un peu le nez, voici les grandes tendances de fond sur dix ans :
Dépenses publiques 2013: 1.208 milliards d’euros
Dépenses publiques 2023: 1.608 milliards d’euros
=> +400 milliards
Déficit 2013: 89 milliards d'euros
Déficit 2023: 154 milliards d'euros
=> +73%
La dette était de 91,8% du PIB en 2013
La dette était de 109,9% en 2023
=> +20%
Les ministres tentent de nous vendre "un texte de protection et de responsabilité", nos budgets sont en réalité devenus une menace sourde pour tout un chacun. On ne contrôle absolument plus rien.
La Cades est arrivée à saturation et ne peut plus reprendre de dette sociale sans loi organique. Sa banque, l’Accoss, a dû augmenter son plafond d’émission pour pouvoir gérer le creusement des comptes sociaux. On gère donc les dépenses courantes par l’emprunt de trésorerie. On ne va pas pouvoir continuer comme cela indéfiniment.
En guise de conclusion, Milton Friedman aurait donné son enseignement le plus simple, mais peut-être le plus fondamental: on ne gère jamais l’argent des autres aussi sérieusement que le sien. L'explosion des dépenses en est la preuve vivante.