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Finances publiques

114% du PIB: la dette publique de la France au sommet et a encore enflé de plus de 40 milliards d'euros

Le ministère de l'Economie à Bercy, le 5 juin 2023.

Le ministère de l'Economie à Bercy, le 5 juin 2023. - AFP

Le gouvernement compte réduire les dépenses publiques de 40 milliards d'euros cette année.

La dette publique augmente et atteint 3.345,8 milliards d'euros au premier trimestre 2025, annonce l'Insee ce jeudi 26 mai. Elle s'établit à 114% du produit intérieur brut (PIB), soit une augmentation de 40,5 milliards d'euros par rapport au trimestre précédent,

La dette avait augmenté de 3,8 milliards d'euros au quatrième trimestre 2024 et atteint 3.305,3 milliards d'euros en s'établissant à 113,2% du PIB, selon l'Institut national de la statistique.

Le gouvernement, en quête d'un budget pour 2026 et menacé de censure par la gauche après l'échec des négociations sur les retraites entre les partenaires sociaux, réunit ce jeudi un "comité d'alerte" sur les aléas susceptibles d'affecter les finances publiques.

Dans le détail, la dette de l'Etat grimpe (+ 36,7 milliards d'euros), comme celle des administrations de sécurité sociale (+ 3,3 milliards d'euros) et celle des administrations publiques locales (600 millions d'euros).

"Les régions s’endettent (2 milliards d'euros), de même que les organismes divers d’administration locale (800 millions d'euros au total). À l’inverse, la dette des communes diminue (-1,6 Md€), comme celle des départements (-0,6 Md€)", précise l'Insee.

Sa dette publique est la troisième de l'UE par ordre d'importance après celles de la Grèce et de l'Italie. Une somme très conséquente, alimentée par les crises financières, sanitaires et inflationnistes, qui ne pesait que 57,8% du PIB fin 1995, selon l'Institut national de la statistique.

Coupes dans les dépenses

Le gouvernement a prévu un effort budgétaire d'une cinquantaine de milliards d'euros cette année, qu'il compte poursuivre à hauteur de 40 milliards en 2026 dans un contexte contraint par la volonté de la France de se réarmer et la hausse du coût de la dette, en voie de devenir le premier poste de dépense.

Une feuille de route a été promise par le Premier ministre François Bayrou à la mi-juillet, avant la présentation du projet de budget dont l'examen parlementaire à l'automne s'annonce périlleux pour la survie du gouvernement.

"Vu la situation budgétaire calamiteuse, le budget de 2026 implique des mesures d'austérité impopulaires, rendant son adoption aussi difficile, sinon plus, que celui de 2025", commente Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo BHF, dans une note.

Le gouvernement souhaite en priorité maîtriser les dépenses publiques, en évitant une augmentation d'impôts, en répartissant l'effort entre Etat, Sécurité sociale et collectivités locales.

"Toutes les pistes sont étudiées, sans tabou", a affirmé sa porte-parole Sophie Primas, mercredi sur franceinfo, y compris celle d'une "année blanche" - un gel des dépenses qui seraient reconduites sans tenir compte de l'inflation.

Comme ils l'avaient fait en début d'année pour permettre l'adoption du budget 2025, les ministres de l'Economie, Eric Lombard, et des Comptes publics, Amélie de Montchalin, recevront tous les groupes politiques à Bercy avant le 11 juillet.

A cette situation française difficile s'ajoute la forte incertitude internationale liée notamment à la hausse des droits de douane américains ou aux tensions au Proche-Orient, qui pèse sur la croissance.

L'Insee et la Banque de France l'attendent à 0,6% en 2025, et le gouvernement à 0,7%, un fort ralentissement par rapport à 2024 (1,1%).

Amélie de Montchalin a promis mercredi de communiquer "en toute transparence" sur la situation des finances publiques lors du "comité d'alerte" réunissant pour la deuxième fois depuis avril parlementaires, élus locaux et partenaires sociaux. Elle a assuré qu'il n'y aurait pas de "plongeon" des recettes comme celui qui avait contribué à creuser le déficit en 2023 et 2024.

Mais l'Association des maires de France (AMF) y voit "un nouvel exercice de communication" plutôt qu'une "véritable réunion de travail".

P.L avec AFP