Fabien Roussel pourrait voter l'abrogation de la réforme des retraites lors de la niche du Rassemblement national

Le patron des communistes Fabien Roussel, interrogé sur la proposition de loi du RN pour abroger la réforme des retraites, a estimé vendredi qu'il fallait "tout faire" pour que cette réforme soit supprimée, expliquant que les députés du groupe discuteraient de ce sujet jeudi.
"Quand on dit que nous voulons tout faire pour que cette réforme des retraites injuste faite dans le dos des Français soit abrogée, il faut être cohérent, et donc on doit tout faire pour qu'elle soit abrogée", a expliqué devant la presse l'ancien député, à l'ouverture de la Fête de l'Humanité, à Brétigny-sur-Orge.
Le RN entend défendre un texte abrogeant la réforme des retraites lors d'une journée réservée à ses propositions de loi, sa "niche" parlementaire, le 31 octobre. "Les députés communistes parleront de ce sujet lors de leurs journées parlementaires" jeudi, a précisé Fabien Roussel, mais "je vous réponds que nous devons tout faire pour qu'elle soit abrogée, et on verra étape par étape", a-t-il insisté, sans dire explicitement s'il convenait ou non de voter le texte.
"Piège"
Le sujet embarrasse à gauche, les partis estimant que le RN tente de "piéger" le Nouveau Front populaire, certains élus refusant de se voir associer à un texte émanant de l'extrême droite. Pour l'ancienne tête de liste communiste aux européennes Léon Deffontaines, qui n'est pas député, "le piège serait de ne pas la voter", même s'il faut aussi "démontrer systématiquement l'imposture sociale du RN".
"Il faut étudier le texte et s'il est bon, on doit montrer qu'on est au rendez-vous pour changer le quotidien" des Français, ajoute Léo Deffontaines, car "les travailleurs ne réfléchissent pas en terme d'extrême droite".
Interrogée sur France 5 vendredi, l'écologiste Sandrine Rousseau a estimé que la position du responsable communiste était "minoritaire" à gauche.
"Je ne voterai (...) jamais la proposition de loi sur l'abrogation de la réforme des retraites dès lors qu'elle est déposée par le Rassemblement national", a martelé la députée du groupe Ecologiste et Social.
"Du poison à gauche"
L'élue de Paris a plaidé pour que la gauche tente de faire passer sa propre proposition d'abrogation sur une semaine de textes transpartisans, ou de le faire par amendement au budget de la sécurité sociale, plutôt que de voter le texte RN. "C'est une question de quelques semaines", a-t-elle affirmé.
"Cette question, vous nous la posez pour nous mettre en difficulté", a regretté Fabien Roussel face à la presse, mais "on ne sait pas si ce texte va arriver dans leur niche (...) vous aurez peut être distillé du poison à gauche inutilement".
L'an dernier, les indépendants du groupe Liot avaient dû renoncer à une initiative similaire. Après un revers en commission sur l'article phare abrogeant le départ à 64 ans, ils s'étaient heurtés à un arbitrage de la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet. Au titre de l'article 40 de la Constitution elle avait jugé qu'un amendement tendant à réintroduire la mesure dans le texte était inconstitutionnel, en raison de son coût pour les finances publiques.