Covid19: comment le télétravail a fait chuter les ventes de papier

Si la production de papiers d'hygiène et d'emballage ont progressé cette année, le télétravail a fait chuter les ventes de ramettes. Les professionnels français craignent des fermetures de sites.

Les producteur français de papier s'inquiète. Selon les dernier chiffres de leur fédération, la Copacel (Union Française des Industries des Cartons, Papiers et Celluloses), le secteur a enregistré une baisse de production de 8,2% depuis le début de l'année. En annonçant ce chiffre, Philippe d'Adhémar, président de la Copacel et directeur général d'International Paper France, pointe "un véritable risque de décrochage".

La crise sanitaire a eu des effets positifs et négatifs. Elle a profité à la production de papier d'hygiène. Rappelons que les ventes de ces produits ont explosé avec les deux confinements où l'on a vu des pénuries dans les grandes surfaces. Idem pour les papiers d'emballage qui progressent grâce à l'alimentation et au commerce en ligne, indique la Copacel.

Par contre, elle a eu un effet néfaste sur d'autres segements. Le papier "graphique" a souffert par la baisse de la publicité qui a impacté la presse papier contrainte de réduire tirage et pagination avec des ventes en recul.

Les ramettes de papier

L'autre segment en baisse est le papier de bureau. Selon la Copacel, l'explication reposerait sur le développement du télétravail.

"Depuis le printemps, tout se fait à distance par ordinateur ce qui impacte la production de papier d'imprimante en ramettes", explique à BFMTV une porte-parole de la Copacel.

De plus, avec la disparition des réunions physiques, les impressions de documents ont cédé la place à des PDF accélérant la disparition du papier dans les environnements professionnels.

En Europe, cette situation semble avoir touché un peu plus la France que les autres pays producteurs. "Depuis le début de l'année, la baisse de la production papetière en France est de 8,2%, et en Europe, elle est de 6,2%", a noté Philippe d'Adhémar lors d'une conférence.

Risques de fermetures d'usines

Pour cette industrie, durement touchée lors de la décennie, cette situation est critique. Le président de la Copacel craint que ce recul du secteur conduise à fermer des usines. Il augure mal l'avenir de la Chapelle Darblay, le site centenaire de Grand-Couronne de 230 salariés, en Seine-Maritime, qui cherche désespéremment un repreneur. C'est pourtant la dernière usine en France à produire du papier 100% recyclé.

"Ce n'est pas tenable pour nos usines de tourner à charge réduite. Ce sont des grosses usines à feu continu, de l'industrie lourde (...) dans un contexte excessivement concurrentiel", explique le président de la Copacel. "Quand vous tournez au ralenti, les frais fixes prennent un poids considérable" et "donc il y a un véritable risque de décrochage".

Et "si, in fine, ça se termine par des fermetures d'usines sur notre territoire, c'est de la perte d'outil industriel, de la perte de savoir-faire (qui) ne reviendront pas", prévient Philippe d'Adhémar.

Pascal Samama avec AFP