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Négociations commerciales: les agriculteurs refusent d'être "la variable d'ajustement"

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La filière s'inquiète des exigences de leurs clients industriels, eux-mêmes sous pression pour faire baisser les prix des produits alimentaires.

Bruno Le Maire a mis le secteur devant ses responsabilités: distributeurs et industriels doivent renégocier au plus vite pour que des baisses de prix conséquentes soient visibles dans les rayons dès janvier prochain.

De quoi inquiéter les agriculteurs qui sont au début de la chaîne. Ils craignent en effet d'être mis sous pression par les acteurs de l'agro-alimentaire, leurs clients, pour consentir des baisses de prix de gros. Une demande impossible à accepter selon eux.

Sur BFMTV ce vendredi, Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA et du groupe Avril résume: "cette inflation préoccupe le monde agricole car on voit un certain nombre de nos compatriotes ne plus être en capacité de se nourrir".

"Mais l'agriculture française ne peut pas être la variable d'ajustement de ces négociations", poursuit-il.

"Sanctuariser la matière première agricole"

"Pendant près de dix ans, la déflation dans l'agriculture a conduit le secteur à se paupériser. On a réussi avec les loi Egalim à sanctuariser la matière première agricole. Il y a probablement de gros acteurs qui avaient des marges importantes. Dans cet effort collectif, on a besoin de s'assurer que cela ne se fasse pas sur le dos des agriculteurs", poursuit le responsable.

"Notre enjeu c'est de continuer à produire pour nourrir car le sujet c'est notre souveraineté alimentaire", souligne Arnaud Rousseau. "J'ai demandé à Bruno Le Maire de nous recevoir pour s'assurer que dans cette négociation qui s'ouvre, l'agriculture ne soit pas la variable d'ajustement".

Sur BFM Business ce vendredi, Dominique Chargé, Président de la Coopération Agricole entreprises coopératives qui transforme les produits agricoles français est sur la même ligne.

"La baisse de prix ne doit pas se faire au détriment des agriculteurs français. Cette situation nous amène à constater une descente en gamme (de la production, NDLR)", se plaint-il.

Une inflation synonyme de descente en gamme

Le responsable qui est également producteur explique: "mes poulaillers bio sont vides parce que nous n'avons plus de marché et on importe massivement des poulets ukrainiens. Il nous faut un choc de compétitivité et de simplification normative pour approvisionner en produits agricoles ce que le marché demande aujourd'hui et que nous ne pouvons plus faire".

Pour autant, la baisse de certaines matières premières est une réalité. Ce que Dominique Chargé ne conteste pas. "Il y a eu six mois d'inertie mais mes coûts de production sont toujours impactés par l'inflation. Comme les engrais dont les prix ont été multipliés par trois. On a retrouvé une certaine stabilité mais des coûts resteront élevés structurellement" souligne-t-il.

Et de citer "l'énergie qui nous coûte deux fois plus cher qu'il y a deux ans et les salaires qui ont pris 10% à juste titre. L'inflation se stabilise en revanche des coûts sont structurellement élevés" pointe-t-il.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business