Covid: les producteurs d'autotests débordés par la demande

Les fabricants peinent à satisfaire les pharmacies tout simplement parce qu'ils ont été pris de court. Tout comme les officines.

A l'approche des fêtes, c'est la ruée dans les pharmacies pour réaliser des tests antigéniques ou pour tenter de se procurer des autotests. Car ce produit commence à devenir une rareté dans les officines, les seules à pouvoir vendre ces dispositifs.

Moins désagréables à réaliser et plébiscités par les non-vaccinés pour leur prix (vendus 5,20 euros alors qu'il leur faut débourser 44 euros pour un test PCR et 22 euros pour un test antigénique classique), les autotests sont pris d'assaut alors qu'ils n'avaient jamais vraiment rencontré leur public jusqu'à aujourd'hui.

Huit jours d'attente pour les livraisons

Sur BFMTV, Déborah Chadoutaud, pharmacienne à Paris, où le stock de deux semaines a été vidé en 3 jours, résume la situation: "Hier soir je suis allé en chercher 100, ce matin, il n'y en avait plus. Il a fallu se réapprovisionner, dans mon circuit habituel j'ai passé ma commande le 11 décembre et à ce jour, je ne l'ai toujours pas reçue. Habituellement, cela prend 4/5 jours ouvrés mais ils sont débordés".

"Actuellement, les pharmaciens vendent 80.000 autotests par jour, c'est deux fois plus qu'au printemps dernier", explique de son côté à France Bleu, Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), et selon le syndicat des pharmaciens, la rupture concerne les deux tiers des officines dans l'Hexagone.

Selon l'entreprise Biosynex, le principal fabricant d'autotests français, une pharmacie doit désormais attendre 8 jours pour être approvisionnée en autotests.

Egalement présent sur le territoire français, l'américain Innova Medical Group, dont les autotests sont produits en Chine et en Californie, puis assemblés et packagés en France, ne parvient pas non plus à répondre à la demande.

Pas d'anticipation

"Nous avions anticipé la demande en renforçant nos effectifs depuis novembre mais nous ne disposons pour le moment que d'une seule ligne de production en France", explique à BFM Business, Nicolas Contassot vice-président Marketing et Communication d’Innova Medical Group Europe.

"On est dans l'impossibilité de livrer tout le monde. Dans les deux dernières semaines, on a sorti 20.000 boîtes soit 500.000 tests. On tente d'importer depuis nos autres lignes de productionn mais les délais et les coûts logistiques ont explosé et ces tensions se répercutent sur toute la ligne de production", ajoute-t-il.

L'entreprise mise sur l'ouverture prochaine de nouvelles lignes de production avec "l'objectif d'avoir 10 lignes" pour répondre aux besoins des pharmacies mais aussi des entreprises qui cherchent également à en obtenir.

Il semble en fait que l'industrie ait été un peu prise de court. C'est la recommandation très récente (17 décembre) du Conseil scientifique de l'utiliser comme un geste barrière combinée à l'afflux pour les tests antigéniques qui ont fait exploser la demande.

Une explosion que les fabricants n'avaient pas anticipé surtout que les ventes n'étaient jusqu'à aujourd'hui pas considérables. Difficile donc de monter en cadence aussi vite.

"Ce n’est pas un problème qui va durer longtemps, mais malheureusement il tombe au mauvais moment"

Interrogé par l'AFP, Philippe Besset, le Président de la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF), regrette que les pharmaciens n’aient "pas été prévenus suffisamment tôt" pour augmenter leurs stocks.

"Ce n’est pas un problème qui va durer longtemps, mais malheureusement il tombe au mauvais moment puisque c’est quand on en a le plus besoin" ajoute-t-il.

Cette pénurie d'autotests n'est pas seulement française. Plusieurs importants distributeurs d'autotests aux Etats-Unis ont limité cette semaine leur vente à quelques unités par client face à l'immense demande des Américains, à quelques jours de Noël et en pleine propagation d'Omicron, désormais dominant.

Amazon et les chaînes de pharmacies CVS et Walgreens ont indiqué mardi et mercredi avoir plafonné la vente à respectivement 10, six ou quatre kits d'autotest par acheteur.

Ce rationnement n'est pas à l'ordre du jour en France mais les pharmaciens le répètent, les Français doivent être responsables: les autotests ne doivent être utilisés que par les personnes sans symptome et qui ne sont pas cas contact. Et d'acheter uniquement ceux dont ils ont besoin, de ne pas stocker...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business