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Cépages, méthode de production, prix… En quoi le crémant est-il différent du champagne?

Des verres de champagne (photo d'illustration).

Des verres de champagne (photo d'illustration). - Pixabay

Sans surprise, le crémant et le champagne s'inviteront au repas de Noël. Entre les deux vins effervescents, les différences ne sont pas toujours évidentes.

Sur les tables de Noël, les verres ne manqueront pas de bulles. Tradition oblige, les Français passent rarement la soirée du 24 décembre sans déboucher un champagne ou un crémant. La renommée du premier semble inébranlable, mais le second ne cesse de gagner en popularité, tirant avantage d'une montée en qualité et, surtout, d'un prix plus doux – donnant corps au fameux adage "mieux vaut un bon crémant qu'un mauvais champagne". De quoi patauger entre toutes les étiquettes: entre les deux vins, la frontière n'est pas toujours claire dans les esprits.

Le champagne et le crémant appartiennent tous les deux à la catégorie des vins mousseux, c'est-à-dire des vins effervescents atteignant ou excédant 3 bars de pression. L'autre point commun, et non des moindres, est le procédé de production: si l'on parle de "méthode champenoise" pour l'un et de "méthode traditionnelle" pour l'autre, ces deux termes désignent la même manière de faire – notamment les vendanges exclusivement manuelles ou la deuxième fermentation en bouteille – même si quelques petites nuances séparent leurs cahiers des charges respectifs.

Sans surprise, champagne et crémant se différencient par leur ancrage géographique. Le champagne n'est évidemment produit qu'en Champagne, tandis que le crémant se sépare entre 8 régions françaises, disposant toutes d'une appellation d'origine contrôlée (AOC). Le crémant d'Alsace en est l'incontestable leader (4 bouteilles sur 10 sont alsaciennes), suivie par le crémant de Loire, le crémant de Bourgogne, le crémant de Bordeaux, le crémant de Limoux, le crémant de Die, le crémant de Jura et le crémant de Savoie, dernier arrivé dans la famille avec une AOC reconnue en 2015.

Alsace, Loire, Bordeaux…

Le crémant est toujours associé à une région d'origine – il n'existe pas de "crémant" tout court – dont chacune apporte ses propres styles et ses propres terroirs. À titre d'exemple concret, les cépages autorisés par le cahier des charges AOC ne sont pas les mêmes en Alsace (riesling, pinot blanc, pinot noir, pinot gris, auxerrois, chardonnay), à Die (clairette, aligoté, muscat à petits grains) ou dans le Jura (pinot gris, pinot noir, poulsard, trousseau, chardonnay, savagnin). La Champagne, elle, s'est spécialisée sur trois cépages, le pinot noir, le chardonnay et le pinot meunier.

Les crémants proposent "une palette de goûts" d'une région à l'autre, souligne Édouard Cassanet, animateur de la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant (FNPEC).

Surtout, entre les deux vins effervescents se dresse encore un fossé tarifaire. Le prix moyen d'une bouteille de champagne en grande distribution s'élevait à 23,93 euros en 2023, contre 6,61 euros pour une bouteille de crémant, selon des données du panéliste Circana pour FranceAgriMer. S'il faut évoquer les lourdes dépenses promotionnelles, ce qui concerne particulièrement les grandes maisons, elles ne l'expliquent pas à elles seules. Dès le départ, la petitesse du vignoble champenois et sa renommée attisent les prix des raisins locaux, qui s'échangent à prix d'or.

Cultivant une image de produit d'excellence, la filière du champagne a depuis longtemps misé sur une stratégie de valorisation pilotée par de grandes entreprises, dopée par une forte demande mondiale pour ce symbole du luxe à la française. Bien qu'un vrai travail de montée en gamme soit mené par une partie des producteurs, le crémant ne bénéficie pas du même prestige que le champagne. Il ne peut pas se permettre de montrer ses prix trop hauts, d'autant plus qu'une bonne partie de son succès actuel repose sur ses bouteilles plus accessibles.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV