10% de produits en plus mais 29% plus cher: c'est quoi la "stretchflation" que l'on voit dans nos rayons?

Après la shrinkflation, voici la stretchflation. Si la première consistait à diminuer la quantité ou le poids d'un produit sans en diminuer le prix, la seconde est plus insidieuse. Elle consiste en effet à donner l'illusion de faire une bonne affaire en proposant plus de produits dans l'emballage mais en en augmentant davantage le prix au kilo.
Ce sont les fameux maxi-formats ou packs familiaux qu'on retrouve dans nos rayons. Si la plupart des marques augmentent les prix de leurs produits dans la même proportion que la quantité proposée, certaines se sont récemment faites épingler pour gonfler leur tarif au kilo.
C'est le cas de la marque de surgelés McCain qui a récemment augmenté le poids de son paquet de brioches surgelées de 60 grammes. Le produit est passé de 400 à 460 grammes, soit une hausse de 15%. Mais dans le même temps son tarif est passé de 2,90 à 3,99 euros, soit une hausse de 37%. Le prix au kilo de ce produit est donc passé de 7,25 euros à 8,70 euros, soit une hausse "masquée" de 20%.

Le spécialiste de la grande consommation Olivier Dauvers a constaté la même pratique avec des produits apéritifs de la marque Belin. Le paquet de crackers au fromage Monaco a récemment pris 100 grammes, passant de 100 à 110 grammes. La marque promettant "encore plus de crackers" avec ce nouveau format dont le grammage a été augmenté de 10%. Mais le prix dans le même temps a augmenté bien plus encore, passant de 1 euro à 1,29 euro, soit une hausse de 29%.
Si on regarde le nouveau prix au kilo de ce paquet de biscuits apéro, on passe alors de 10 euros à 11,70 euros, soit une augmentation de 17% dont le client n'a pas toujours conscience.
Obligation légale depuis juillet
"En changeant la contenance des produits, on brouille les repères que peuvent avoir les consommateurs, analyse Olivier Dauvers. Quand on brouille les repères volume ou les repères poids, on rend moins facile la comparaison avec ce que le produit était avant."
Interrogées, le marques concernées se défendent en renvoyant la responsabilité du prix pratiqué aux enseignes qui vendent les produits. Ce qui est une réalité puisque les tarifs ne sont pas imposés par les marques. Il n'empêche que le changement de grammage ou de volume relève bien d'une démarche de marque. Or passer de 100 à 110 grammes pour un paquet de crackers peut sembler suspect tant la quantité de produits en plus est dérisoire.
Certaines associations de consommateurs réclament une loi pour encadrer ces pratiques qui il faut le rappeler restent marginales au regard des dizaines de milliers de produits vendus dans un hypermarché. Depuis le 1er juillet, les enseignes sont déjà tenues d'indiquer à leurs clients qu'un produit a vu sa quantité diminuer, mais pas son prix. Tous les supermarchés de plus de 400 mètres carrés en France ont l'obligation d'apposer une affichette "visible" et "lisible" à proximité, ou même directement sur l'emballage, de tous les produits concernés par la "shrinkflation", indique l'arrêté du ministère de l'Économie.
Cette obligation a été contournée en augmentant la quantité de produits. L'arrêté précise en effet que sont concernés par cet affichage "les produits de grande consommation qui ont subi une modification de poids ou de volume à la baisse entrainant une hausse de prix à l’unité". Et non les produits qui ont subi une modification à la hausse.
Après deux ans de forte inflation en rayons, les prix des produits de grande consommation sont toutefois en légère baisse en 2024. Selon Circana, l'inflation a été négative en août, et ce pour le quatrième mois consécutif. Sur un an, les tarifs dans les grandes surfaces sont en baisse de 0,9%.
