BFM Business
Economie

Brexit: les pêcheurs français inquiets, le gouvernement annonce des mesures de soutien

placeholder video
L'accord commercial entre la Grande-Bretagne et l'Union prévoit que les marins français devront réduire de 25% de leurs quotas de pêche dans les eaux britanniques.

L'inquiétude est montée d'un cran du côté de la pêche française après l'annonce de la signature in-extremis d'un accord commercial post-Brexit entre l'UE et la Grande-Bretagne. On le sait, la pêche a été au centre d'intenses négociations entre les deux parties.

Finalement, l’accord précise que la France a jusqu’au 1er juin 2026 pour aboutir progressivement à une diminution de 25% de ses quotas de pêche dans les eaux britanniques qui s'élèvent en valeur à environ 650 millions d'euros par an. La France a obtenu une préservation des accès dans les 6/12 milles comme dans la zone économique exclusive jusqu’à cette date. Cela concerne également les espèces qui ne sont pas sous quotas, comme le bar, l’encornet ou le saint-pierre.

Reste que des négociations démarreront avec le Royaume-Uni dès le 1er janvier pour négocier les quotas des stocks partagés, ce qui s'annonce compliqué. Par ailleurs, un nouveau round de négociations aura lieu à la fin de la période de transition.

Nouvelles négociations en 2026

Sans surprise, les pêcheurs dénoncent cet accord mais surtout le manque de visibilité suscité par la période de transition et les nouvelles négociations en 2026.

"Cette clause de revoyure, qu'aucun autre secteur économique ne supporte, est inadmissible et ne donne aucune visibilité à la pêche française et à toute la filière", commente Hubert Carré, directeur général du Comité national français des pêches maritimes et des élevages marins.

Rappelons que sur BFM Business, Hubert Carré estimait même qu'un non-accord aurait été préférable à un accord inapplicable.

"Si on a accès aux eaux britanniques mais qu'on ne peut pas vraiment pêcher ce que l'on veut, (...) si on fait de la dentelle, en réalité on s'aperçoit (qu'il) n'est plus possible pour les pêcheurs de pêcher" regrette-t-il.

Un constat relativisé par les pêcheurs de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), premier port de pêche français.

"C'est un gros soulagement pour les pêcheurs. C'est un accord gagnant-gagnant. On va perdre un peu des quotas, c'est embêtant mais ce n'est pas la mort, ce n'est pas dramatique non plus", a déclaré vendredi à l'AFP Olivier Leprêtre. "Les Britanniques peuvent continuer à exporter dans l'Union européenne, et Capécure (premier centre européen de transformation des produits de la mer) va pouvoir continuer à travailler avec les importations britanniques".

En attendant, le gouvernement a annoncé un arsenal de mesures pour la profession. "Les pêcheurs et les mareyeurs pourront bénéficier d'une aide forfaitaire pouvant aller jusqu'à 30.000 euros en fonction de leur dépendance aux produits capturés dans les eaux britanniques", indique le ministère dans un communiqué.

"Le gouvernement présentera très prochainement le plan complet d'accompagnement des pêcheurs français", a précisé la ministre de la Mer Annick Girardin dans ce document.

Aide jusqu'à 30.000 euros

Ce plan prévoit également de compenser sur une période limitée une partie des pertes du chiffre d'affaires des entreprises dépendantes des eaux britanniques.

Parmi les mesures de moyen et long terme, figurent l'extension de l'activité partielle de longue durée pour les salariés des entreprises dépendantes des eaux britanniques, une aide à la restructuration au titre du plan de sauvegarde de l'emploi de l'entreprise ou encore la possibilité de "faire valider les acquis de l'expérience ou des reconversions dans le secteur maritime".

Des aides à l'investissement dans le cadre du plan de relance et du futur Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) sont également prévues.

Pour les navires dépendants des eaux britanniques qui souhaiteraient arrêter leur activité, un "plan de sortie de flotte" sera mis en place.

"Il y a un plan d'accompagnement qui doit être présenté très prochainement par la ministre Annick Girardin car avec les 25% de quotas en moins, certaines entreprises vont se retrouver en difficulté. Ce dispositif s'appuiera sur le fonds européen de 5 milliards d'euros, Michel Barnier et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont d'ailleurs indiqué hier, lors de l'annonce de l'accord, qu'une part non négligeable de ce fonds serait consacrée à la pêche", commente Jean-Luc Hall, le directeur général du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).

Olivier Chicheportiche avec AFP