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Après des années "catastrophiques", la France reste n°1 européen du sucre avec une production en hausse de 9,5%

Sucre (illustration)

Sucre (illustration) - Philippe Huguen - AFP

Avec une production de près de 4,6 tonnes en hausse de 9,5%, la France reste la championne européenne du sucre grâce à la betterave. Les planteurs ont obtenu la ré-autorisation dérogatoire en France de l'acétamipride, un pesticide néonicotinoïde toxique pour les pollinisateurs avec la loi Duplomp qui doit encore être validée par le Conseil constitutionnel.

La France a produit 4,58 millions de tonnes de sucre de betterave lors de la campagne 2024-25, une production en hausse de 9,5% qui lui permet de se maintenir à la première place en Europe, a annoncé jeudi Cultures Sucre.

Lors de la dernière campagne, "32,9 millions de tonnes de betteraves sucrières ont été récoltées" sur plus de 411.000 hectares travaillés par 23.000 planteurs, essentiellement dans le nord du pays, selon un communiqué de Cultures Sucres, association regroupant planteurs et fabricants.

Par ailleurs, "près de 2 millions de tonnes de cannes à sucre" (qui pourront donner environ 174.000 tonnes de sucre de canne) ont été récoltées dans les départements et régions d'outre-mer (DROM) pendant la campagne, sur 35.220 hectares.

Avec ces volumes, la France se rapproche de son niveau de 2019-20 (4,9 millions de tonnes de sucre), soit le niveau de production précédant la terrible année de 2020 qui avait vu la récolte française chuter de près d'un tiers après une épidémie de jaunisse de la betterave. Cette année-là jugée "catastrophique à tous les niveaux" par la profession, la production s'était établie à 3,4 millions de tonnes entraînant la perte de 600 et 700 millions d'euros de valeur ajoutée.

"Ces performances permettent à la France de rester le principal producteur en Europe, le deuxième producteur de sucre de betterave dans le monde, et le premier producteur européen d'alcool agricole", souligne l'association.

Ces performances sont d'autant plus notables, pour Cultures Sucres, qu'elles s'inscrivent dans "un contexte économique, politique, climatique et international globalement défavorable".

Un pesticide néonicotinoïde toxique

Parmi ces "défis majeurs": la gestion des aléas climatiques, avec cette année un temps particulièrement sec dans les régions de production succédant à une année trop pluvieuse, la réduction du nombre d'usines - avec aujourd'hui 20 sucreries en France contre 25 en 2019-20 - et la nécessité de décarboner, ce qui "pousse la filière à innover et investir dans la recherche pour rester compétitive".

Les planteurs, qui se plaignent également de "la pression réglementaire" et d'"impasses techniques", ont obtenu la ré-autorisation dérogatoire en France de l'acétamipride, un pesticide néonicotinoïde toxique pour les pollinisateurs, avec l'adoption récente de la loi dite Duplomb.

Ce produit est autorisé en Europe jusqu'en 2033 et les agriculteurs estiment subir une concurrence déloyale de leurs voisins européens. Sa réautorisation sous conditions en France ne sera effective que si le Conseil constitutionnel, récemment saisi, valide la loi dans les prochaines semaines.

Pour Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre, il est "indispensable de maintenir cette activité agricole et industrielle qui permet à notre pays de bénéficier d'un atout de souveraineté à la fois alimentaire (sucre, pulpes pour l'élevage), énergétique (bioéthanol) et sanitaire (gels hydroalcooliques)".

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco