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Après une renégociation, Alstom et Bombardier actent leur mariage

Un train à hydrogène d'Alstom à Leipzig (Allemagne) en février 2019

Un train à hydrogène d'Alstom à Leipzig (Allemagne) en février 2019 - PETER ENDIG / DPA

Le groupe français vient d'annoncer un nouvel accord pour le rachat de Bombardier. Malgré les mauvais résultats du canadien, Alstom était déterminé à boucler une opération stratégique majeure

La fumée est blanche du côté d’Alstom. Selon les informations de BFM Business, le groupe français devait annoncer une renégociation financière du rachat de son concurrent Bombardier. Alstom vient d'annoncer un accord visant à revoir à la baisse le prix d'acquisition de 300 millions d'euros. Le prix passe ainsi de 6 milliards (en réalité une fourchette de 5,8 à 6,2) à 5,7 milliards d'euros (de 5,5 à 5,9 milliards).

Alstom avait annoncé en février, juste avant la pandémie, le rachat de Bombardier pour 6 milliards d’euros. L’opération conduisait à faire entrer la Caisse des Dépôts du Québec (CDPQ), actionnaire de Bombardier, au capital d’Alstom à hauteur de 18%. Mais le groupe canadien, en réalité surtout présent en Europe, a subi de plein fouet la crise économique. Il a annoncé une perte de 383 millions de dollars au premier semestre et une chute de 33% de son chiffre d’affaires. De son côté, Alstom a bien résisté avec un carnet de commandes bien rempli et ce, malgré une baisse de son chiffre d’affaires de 24%. Le groupe est privilégié par les investisseurs en Bourse qui viennent de le propulser au CAC 40.

Opération stratégique majeure

Du coup, Alstom et Bombardier ont entamé mi-août la renégociation de leur accord. L’impact de la crise n’est pas neutre sur l’opération. Il serait de "quelques centaines de millions d’euros" selon plusieurs sources. Mais Alstom est déterminé à boucler ce rachat. "On n’est pas à 100 millions d’euros près tant l’opération est majeure pour Alstom, explique une source de proche du groupe. Tout le monde est aligné". Une ligne qui ressemble à celle que tenait le patron de PSA, Carlos Tavares, pour justifier un effort dans sa renégociation de mariage avec Fiat.

En face, les canadiens sont en difficulté. La branche aviation de Bombardier souffre aussi et la division transport n’a pas d’avenir stratégique seule. Elle accumule en plus les pénalités financières à cause de retards de livraisons et des problèmes de fabrication sur plusieurs contrats.

Bombardier a besoin de vendre sa branche Transport pour faire face à 2 milliards de dollars de dettes l’année prochaine. Son co-actionnaire, la Caisse des Dépôts du Québec (CDPQ), veut aussi solder son aventure chez Bombardier. "Ils sont embourbés dans ses difficultés et préfèrent passer chez Alstom", décrypte un bon connaisseur de l’opération. Leur participation pourrait ainsi être abaisser de quelques pourcents, 2% selon une source.

CDPQ embourbée dans Bombardier

Le rachat de Bombardier permet au fabricant français de trains, de tramways et de métros de doubler de taille. Jusqu’ici, Alstom, Bombardier et Siemens étaient dans un mouchoir de poche avec environ 8 milliards d’euros chacun de chiffre d’affaires. Désormais, Alstom-Bombardier affichera 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires, au coude-à-coude avec le géant chinois CRRC, et loin devant Siemens. "Alstom sera le vrai leader mondial, car CRRC réalise l’essentiel de son business en Chine", nuance un bon connaisseur de l’opération.

Après cette renégociation, il n’y aura plus d’obstacle au rachat de Bombardier par Alstom. Le groupe français a reçu le feu vert de la Commission européenne en contrepartie de la vente du site français de Reichshoffen qui compte 780 salariés. Le nom du repreneur devrait être connu rapidement. Il pourrait s’agir du l’espagnol CAF qui doit déjà implanter une usine au Pays basque.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business