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Agriculture: la flambée des prix du gaz menace la production d'engrais

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Les engrais azotés sont fabriqués à partir de gaz naturel, dont les prix flambent. Face à la forte hausse de leurs coûts de production, des fabricants ont préféré ralentir ou arrêter leurs usines.

Va-t-on manquer d'engrais dans les champs? La pénurie guette les engrais azotés, très utilisés par les agriculteurs de l'Hexagone. Pour obtenir ces fertilisants, il faut de l'ammoniac, lui-même issu du gaz naturel, dont les prix flambent depuis le début de la guerre en Ukraine. À de tels niveaux de prix, la rentabilité dégringole pour les fabricants européens (le gaz naturel représente 80% du coût de production de l'ammoniac), qui préfèrent ralentir, voire arrêter, leurs usines.

Le géant norvégien Yara, lui, a mis à l'arrêt 65% de ses capacités de production en Europe pour une durée indéterminée. La flambée du gaz "ne permet plus de vendre de façon compétitive", a confirmé ce mardi le président de Yara France, Nicolas Broutin, lors d'une conférence de presse.

60% d'importations

Si ses usines françaises fonctionnent à plein régime, car elles utilisent de l'ammoniac importé des Etats-Unis ou de Trinidad-et-Tobago et n'en produisent pas elles-mêmes, le groupe scandinave s'apprête à cesser complètement la production dans son usine de Tertre, en Belgique. Or, le site wallon fabrique entre 20% et 25% des engrais vendus par Yara en France, et l'entreprise norvégienne pèse 45% du marché français. Yara, surtout, n'est pas le seul fabricant à avoir annoncé une baisse de production.

"Ce n'est pas complètement exclu qu'il y ait des ruptures dans la chaîne d'approvisionnement" des engrais azotés, a averti Nicolas Broutin.

La France importe déjà 60% de ses engrais azotés – une grande partie de la fabrication a quitté depuis longtemps le territoire – et il ne sera pas facile de se ravitailler davantage à l'extérieur. Les flux d'approvisionnement se tarissent en raison de la baisse de la production; d'autant plus que la Russie est l'un des principaux producteurs d'engrais à l'échelle mondiale, et que les Européens ne peuvent plus se tourner vers elle à cause de la guerre en Ukraine.

Une situation tendue pour l'agriculture française, alors qu'approche la période d'application des engrais dans les champs, en début d'année prochaine.

Jérémy Bruno Journaliste BFMTV