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À l'inverse de Trump, le Royaume-Uni et l'Inde signent un accord pour diviser par 5 les droits de douane

Le Premier ministre britannique Keir Starmer (à droite) et le Premier ministre indien Narendra Modi se serrent la main à la fin d'une conférence de presse conjointe après leur réunion bilatérale et la signature d'un accord de libre-échange, à Chequers, à Aylesbury, en Angleterre, le 24 juillet 2025.

Le Premier ministre britannique Keir Starmer (à droite) et le Premier ministre indien Narendra Modi se serrent la main à la fin d'une conférence de presse conjointe après leur réunion bilatérale et la signature d'un accord de libre-échange, à Chequers, à Aylesbury, en Angleterre, le 24 juillet 2025. - AFP

En visite à Londres, le Premier ministre indien Narendra Modi a signé avec Keir Starmer un accord de libre-échange avec son homologue britannique qui va drastiquement faire baisser les droits de douane entre les deux pays et faire croître le commerce bilatéral de 25,5 milliards de livres.

Londres et New Delhi ont signé jeudi un accord de libre-échange après des années de négociations ardues sur le whisky britannique ou le textile indien, à l'occasion d'une visite du Premier ministre Narendra Modi au Royaume-Uni.

Cet accord, conclu en mai, est le plus "significatif sur le plan économique depuis la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne", a déclaré le dirigeant britannique Keir Starmer.

Il a salué un "jour historique" pour les deux pays, lors d'une conférence de presse organisée à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques au nord-ouest de Londres.

L'Inde, cinquième économie et pays le plus peuplé du monde, constitue un marché gigantesque de 1,4 milliard d'habitants.

"Nous avons des liens historiques, familiaux et culturels uniques, et voulons renforcer davantage notre relation pour qu'elle soit encore plus ambitieuse, moderne et tournée vers le long terme", a encore insisté Keir Starmer.

25,5 milliards de livres de commerce en plus

Narendra Modi, lui, s'est réjoui de "l'écriture d'un nouveau chapitre" entre l'Inde et le Royaume-Uni, deux "partenaires naturels", après de "nombreuses années de travail acharné" pour y parvenir.

Entamées en 2022 à l'époque de Boris Johnson, les négociations ont été relancées fin février quand le président américain Donald Trump a commencé à agiter la menace des droits de douane, en partie mise à exécution depuis.

L'accord avec l'Inde fera croître le commerce bilatéral de 25,5 milliards de livres, mais n'ajoutera à terme que 4,8 milliards de livres par an au PIB britannique, évalué à 2.800 milliards, selon des chiffres officiels.

Il doit permettre de réduire de 15% à 3% en moyenne les droits de douane sur les marchandises britanniques exportées vers l'Inde comme le whisky - qui sera taxé à 75% au lieu de 150%, puis à 40% d'ici dix ans -, des pièces utilisées dans l'aéronautique ou des dispositifs médicaux.

En contrepartie, Londres va notamment réduire ses propres droits sur les vêtements, chaussures, des biens d'ingénierie et produits alimentaires produits en Inde.

Rencontre avec Charles III

Le Royaume-Uni, qui importe d'Inde environ un tiers de plus que ce qu'il n'y exporte, a conservé des liens économiques et culturels forts avec son ancienne colonie - 1,9 million de personnes d'origine indienne vivent dans le pays.

Il s'agit de la quatrième visite du Premier ministre indien, au pouvoir depuis 2014, et de la première depuis que Keir Starmer est arrivé à Downing Street il y a un an.

Avant d'embarquer mercredi pour le Royaume-Uni, le dirigeant indien s'était aussi "réjoui de rendre visite à Sa Majesté Charles III", qu'il doit rencontrer dans l'après-midi.

Cette visite d'une journée survient plus d'un mois après l'accident de l'avion d'Air India à destination de Londres qui a fait 260 morts, dont 52 Britanniques, le 12 juin après son décollage d'Ahmedabad en Inde.

Un avocat représentant 20 familles britanniques de victimes, James Healy-Pratt, a indiqué à l'agence PA que des proches d'une personne décédée avaient découvert que ses restes rapatriés d'Inde avaient été "mélangés" à ceux de quelqu'un d'autre.

Il a ajouté qu'une autre famille britannique avait appris que le corps censé être celui de leur proche n'était en réalité pas le sien, et espérait que le dossier soit à l'agenda des deux dirigeants.

Un autre sujet délicat est celui du blogueur sikh écossais Jagtar Singh Johal, emprisonné en Inde depuis 2017, accusé d'être impliqué dans un complot terroriste contre des dirigeants hindous d'extrême droite.

Il n'a jamais été reconnu coupable de crime et, en mars dernier, il a été acquitté dans l'une des neuf affaires retenues contre lui. Son frère Gurpreet Singh Johal avait fait part de son espoir de voir son cas "figurer en bonne place à l'ordre du jour" des discussions.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi avec AFP Journaliste BFM Éco