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292 euros contre 276 il y a un an: les ménages français déboursent plus pour leur santé mais le reste à charge demeure en France l'un des plus faibles du monde

Photographie prise le 22 mars 2024 à Paris montrant une carte d'assurance maladie française. (Illustration)

Photographie prise le 22 mars 2024 à Paris montrant une carte d'assurance maladie française. (Illustration) - Julie SEBADELHA / AFP

Les dépenses de soins et de biens médicaux ont augmenté de 3,7% en France en 2024 selon la Drees. Avec le doublement des franchises médicale, le reste à charge pour les ménages a augmenté de 16 euros en moyenne. En France, cette part s’établit à 10,2% des dépenses contre 14,8% en moyenne dans l'UE.

Les dépenses liées aux soins et biens médicaux ont continué d'augmenter en 2024 pour atteindre 255 milliards d'euros (+3,7%), soit 3.723 euros par habitant, et le reste à charge des ménages a légèrement progressé, à 292 euros, selon le rapport annuel de la Drees, publié mardi.

Cette consommation de soins et de biens médicaux (CSBM) augmente moins rapidement qu'en 2023 (+4,8%), mais plus que dans la période 2010-2019, avant la crise sanitaire, pendant laquelle elle progressait en moyenne de 2% par an, précisent les services statistiques des ministères sociaux.

La CSBM recouvre les soins hospitaliers, honoraires des médecins, dentistes, laboratoires d'analyses, les soins paramédicaux, les transports de malades, les médicaments, dispositifs médicaux... En revanche, elle ne comprend pas les soins de longue durée ou la prévention.

La part de ces dépenses dans le PIB "reste stable", à 8,7%.

Avec une dépense courante de santé au sens international représentant 17,2% de leur PIB en 2024, les États-Unis sont de loin en tête des pays de l’OCDE. Près de cinq points derrière, l’Allemagne, premier pays de l’UE-27, dépense 12,3 % de son PIB pour la santé, juste devant l’Autriche (11,8 %) et la France (11,4 %).

En 2024, les États membres de l’UE-27 consacrent en moyenne 10,3% de leur PIB aux dépenses de santé. Les pays du nord-ouest et du sud de l’Europe dépensent davantage en part du PIB que les pays de l’Est: à l’exception de l’Irlande (6,9%), du Luxembourg (5,9%), de l’Italie (8,4%) et de la Grèce (8,1%), ces pays consacrent plus de 9 % de leur PIB à la DCSi, tandis qu’en Europe de l’Est, seule la Slovénie (9,9%) dépasse ce seuil.

Plus de 30% en Europe de l'est

En 2024, suite notamment au "doublement des franchises et participations forfaitaires" - soit le reste à charge des patients sur les consultations, transports sanitaires ou médicaments - et à la "baisse de remboursement de certains soins", la part des dépenses de santé financée par les ménages "augmente légèrement, de 0,1 point", pour s'établir à 7,8% du total de la consommation de soins et de biens médicaux.

Chaque patient dépense ainsi en moyenne 292 euros annuels (276 en 2023).

Si on compare la France à ses voisins, on constate que le reste à charge des dépenses courantes de santé au sens international (DCSi) est pour les ménages de l'Hexagone un des plus faible d'Europe et du monde.

En 2023, en moyenne dans l’UE-27, 14,8% de la dépense de santé reste à la charge des ménages. De fortes disparités sont toutefois observées entre pays. En France, cette part s’établit à 10,2% en 2023; elle est donc nettement inférieure à celle de l’UE-27.

Une part plus importante des dépenses de santé reste à la charge des ménages dans les pays de l’est et du sud de l’Europe: le reste à charge y est souvent supérieur à 20%. Il grimpe même à plus de 30% en Bulgarie, en Grèce, en Lituanie et en Lettonie.

À l’inverse, dans les pays du nord-ouest de l’Europe, ils sont inférieurs à 15%, sauf en Belgique (21,5%) et en Autriche (16,5%). En Allemagne, cette part (11,1 % en 2023) est également inférieure à la moyenne européenne.

En dehors de l’UE, la part des dépenses de santé restant à la charge des ménages varie de 10,9% à 15,2% au Japon, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Islande, en Norvège et au Canada ; elle est plus élevée en Suisse (22%). Aux États-Unis, le RAC des ménages s’établit à 10,9 % de la DCSi.

En France, la part du reste à charge dans les dépenses de santé s’établit à 10,2% en 2023, nettement inférieure à celle de l’UE-27 (14,8%).
En France, la part du reste à charge dans les dépenses de santé s’établit à 10,2% en 2023, nettement inférieure à celle de l’UE-27 (14,8%). © Drees

La part prise en charge par les organismes complémentaires augmente de 0,3 point pour atteindre 12,8% (33 milliards d'euros) détaille le rapport. A l'inverse, celle financée par la Sécurité sociale et l'Etat "recule de 0,5 point" pour s'établir à 79,4% (202 milliards).

Selon la Drees, les dépenses liées aux soins hospitaliers ont progressé moins vite (+2,9%, à 120,9 milliards d'euros) que les dépenses liées aux soins de ville (+4% à 77 milliards d'euros).

La dépense en médicaments "accélère" (+5,5%), sous l'effet de la hausse du nombre de boîtes délivrées en pharmacie (+0,9%) mais surtout du dynamisme de la consommation de médicaments innovants et coûteux.

Frédéric Bianchi (avec AFP)