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"On est vacciné contre la volatilité": ils sont passés de la crypto à la bourse et ne regrettent rien

L’Israël veut un encadrement des crypto-monnaies

L’Israël veut un encadrement des crypto-monnaies - Pexels / David McBee

Ils ont fait leurs armes dans les cryptos avant d'investir sur les marchés traditionnels. BFM Crypto est allé à la rencontre de plusieurs investisseurs français, entre peur de la volatilité et apprentissage des mécaniques de trading.

Lorsqu’il découvre le bitcoin en 2016, Mathis Knight est étudiant et mécanicien. Fasciné par le concept de décentralisation, il investit ses économies dans des fragments de bitcoin et d’ether. Tous les jours, il suit l’évolution de ses achats, l’amenant à explorer l’analyse technique et fondamentale. Des concepts qui l’aideront, plus tard, à comprendre les marchés traditionnels.

Mais comme beaucoup d'investisseurs cryptos, Mathis vivra des émotions fortes au gré des fluctuations du marché. "Euphorique" lorsque le bitcoin atteint le seuil symbolique des 20.000 dollars en 2020, il décide d'en vendre une bonne partie.

"Même à l’époque, certaines ‘baleines’ avaient le marché à leur disposition et pouvaient en influencer les fluctuations. Las des allers-retours et de passer trop de temps à essayer de prédire l’imprévisible, j’ai vendu ce que j’avais avec quelques plus-values", explique Mathis.

Le jeune homme décide alors de faire une licence en banque en se spécialisant dans les produits financiers.

"La diversité des instruments financiers, la sophistication des stratégies d’investissement et l’impact direct que cela a sur l’économie réelle me passionnent", explique celui qui travaille aujourd'hui dans une banque suisse.

En parallèle, il investit à titre personnel dans des fonds, des actions et des ETF.

"Vacciné contre la volatilité"

D’autres investisseurs ont fait un pas vers la bourse en quête d’un nouveau souffle. Après 10 ans passés dans les marchés cryptos, un influenceur crypto, qui souhaite rester anonyme, nous explique qu'il a gagné beaucoup d'argent a "ressenti l’envie –et le besoin– de sécuriser une partie de (son) patrimoine, en le déconnectant d’un univers aussi volatil".

"Une partie de l’industrie crypto m’a déçu. J’ai alors ressenti le besoin d’investir dans des choses plus tangibles, concrètes, ancrées dans l’économie réelle", confie-t-il, un an après son arrivée sur les marchés traditionnels.

De son côté, Michael a décidé de faire "confiance" aux cryptos après 20 ans en banque, comme premier investissement. Lorsqu'il achète ses premières cryptos en 2017, il se prend pour "un génie du trading" en voyant son portefeuille évoluer puis s’effondrer entre fin 2017 et 2018. Le trading "reste compliqué: il y a plus de perdants que de gagnants, il s'agit d'un vrai métier. J’ai donc opté pour une stratégie long terme en ne liquidant jamais mes positions", avoue-t-il.

Le monde des cryptos lui apprend surtout à gérer ses émotions en tant qu'investisseur, pour se lancer en bourse.

"On est vacciné contre la volatilité en bourse quand on passe par la crypto. Contrairement à une croyance très forte, la bourse n’est pas si risquée et le temps est notre meilleur ami", explique-t-il.

Hormis quelques actions, Michael investit surtout dans des ETF et continue d'acheter du bitcoin.

"Réinvestir plus régulièrement"

Selon l'Association pour le développement des actifs numériques (Adan), 10% des Français détiennent des cryptomonnaies en 2025. Elles représentent 2% de l'épargne d'un Français, bien moins que d'autres produits financiers. En revanche, cette nouvelle classe d'actifs représente 17% de l'épargne des détenteurs de cryptos. "Ces derniers sont 2,5 fois plus susceptibles d’investir dans les actions (10%) et allouent une part plus faible de leur épargne aux placements à faible risque", pointe l'étude.

Ces investisseurs crypto de la première heure observent aujourd’hui les deux mondes se rejoindre. Le marché crypto s’est en effet institutionalisé ces derniers mois, notamment depuis l’introduction d’ETF bitcoin spot à Wall Street début 2024.

Cette institutionnalisation "est une avancée positive, car elle apporte plus de stabilité et de légitimité au secteur. Cela dit, je pense que le marché reste encore jeune et doit mûrir davantage avant d’offrir les mêmes garanties que les marchés financiers classiques", considère Mathis.

Pour autant, des cas d’usages et des applications concrètes à grande échelle sont nécessaires, selon ce dernier. "Une fois fait, je serais volontaire pour réinvestir plus régulièrement dans ce secteur."

Pauline Armandet