Pour la première fois, le nombre de Français détenant des cryptomonnaies recule

En 2025, 10% des Français détiennent des cryptomonnaies contre 12% l'an dernier. Un repli qui s'explique par un environnement économique peu propice au développement de cette industrie.

Premier coup de frein pour l'adoption des cryptomonnaies au sein de la population française. En 2025, 10% des Français ont déclaré posséder des cryptomonnaies (soit environ 5,5 millions de Français) contre 12% en 2024, selon la dernière étude de l’Association pour le développement des actifs numérique (Adan), d'Ipsos et Deloitte. Pour rappel, le nombre de Français détenteurs de cryptos augmentait depuis trois ans: ils étaient 8% en 2022, 10% en 2023 et 12% l'an dernier.

Dans le détail, 10% des Français possèdent des cryptomonnaies, 3% des NFT (jetons non fongibles) et 3% des stablecoins (des cryptomonnaies adossées au cours d'un actif traditionnel) en 2024, contre respectivement 12%, 6% et 6% l'an dernier. Parmi les 10% détenteurs de cryptos, 7% sont des utilisateurs actifs, les 3% restant sont des détenteurs qui conservent leurs cryptos sur le long terme. Selon l'étude, 55% des détenteurs français déclarent avoir déjà utilisé des crypto-actifs pour effectuer des transactions.

L’étude, présentée ce jeudi 10 avril à Bercy, a visé un échantillon de 2.000 personnes en France et en Europe, âgés de 18 ans et plus en décembre 2024. Il en résulte que 67% des détenteurs de cryptos sont des hommes contre 33% de femmes en 2025, contre 70% des hommes et 30% des femmes en 2024. Par ailleurs, les jeunes ne sont plus les principaux détenteurs de cryptos en France, puisque 42% des investisseurs ont moins de 35 ans contre 57% l'an dernier.

En outre, les cryptomonnaies représentent 2% de l'épargne des Français, soit bien moins que d'autres produits financiers (52% d'épargne/pension, 19% de l'immobilier, 12% d'assurance-vie ou encore 4% d'actions). En revanche, les cryptos représentent 17% de l'épargne des détenteurs de cryptos. "Ces derniers sont 2,5 fois plus susceptibles d’investir dans les actions (10%) et allouent une part plus faible de leur épargne aux placements à faible risque (espèces, pension)", pointe l'étude.

Réglementation "contraignante"

Alors que le bitcoin a gonflé au gré des déclarations de Donald Trump durant la campagne présidentielle de 2024, comment expliquer ce repli d'intérêt des Français à l'égard des cryptos? Pour les auteurs de l'étude, l'environnement économique français ne laisserait l'industrie du web 3 se développee aussi facilement qu'ailleurs.

De fait, si certaines sociétés cryptos en Europe ont déjà obtenu l'agrément de la règlementation MiCA en vigueur depuis le début de l'année, aucun acteurs français n'a encore récolté ce fameux sésame.

"La fiscalité reste mal adaptée, l’accès au financement et aux services bancaires demeure trop complexe pour de nombreuses entreprises, et la réglementation, bien qu’indispensable, est toujours perçue comme contraignante pour l’innovation", pointe l'étude.

Dans ce contexte, la France se retrouve à la traîne par rapport aux autres pays européens en termes d'adoption des cryptomonnaies. En tête du classement, on retrouve le Royaume-Uni avec 19% des Britanniques détenant des cryptos en 2025, suivis par les Pays-Bas (17%), l'Italie (15%) et l'Allemagne (13%). Tous ces pays ont vu leur population acquérir d'avantage de cryptomonnaies sur un an ou se stabiliser.

Malgré ce recul, l'intérêt à l'égard des cryptos reste fort, puisqu'un Français sur trois "envisage d'en acheter en 2025", la majorité préférant acquérir des cryptos (77%), bien avant les NFT (13%) ou les stablecoins régulés (10%).

Pauline Armandet